Il y a des rendez-vous qu’on ne manquerait pour rien au monde. Libéré de ses vieux démons mais toujours aussi engagé, Architects est de retour avec the classic symptoms of a broken spirit, largement teasé durant l’été. Le défi est double pour les Britanniques : faire suite à l’acclamé For Those That Wish To Exist (2021) tout en marquant les esprits pour leur dixième album.
Un contrepied évident mais brutal
Le temps des épreuves est passé et Architects peut à nouveau embrasser l’horizon avec sérénité. Si Holy Hell (2018) marquait le début de l’ère post-Tom Searle, guitariste fondateur du groupe décédé des suites d’un cancer de la peau, l’album successeur n’a pas été composé sous de meilleurs auspices. Crise sanitaire oblige, Sam Carter et sa bande ont dû écrire leur chef-d’œuvre entièrement à distance. Décrit comme un effort plus énergique et spontané, the classic symptoms of a broken spirit marque un nouveau contrepied dans le style d’Architects. Dépouillé des orchestrations et de l’arsenal mélodique du disque précédent, ce nouvel album renoue avec les guitares abrasives et le chant hurlé et corrosif de Sam Carter. En témoigne le premier single, “when we were young”, révélé en avril dernier. Mais le reste est-il à la hauteur ?
Une densité à rude épreuve
La production massive et l’ajout de claviers puissants permettent à ce Architects 2.0 de se muter en machine à tubes. Malgré un certain classicisme dans les structures, les singles “deep fake” et “tear gas” remplissent à merveille leur rôle d’hymnes à faire chanter les stades. La distorsion est à son maximum et la voix de Carter oscille entre chant hurlé et chant clair sur les refrains. Il faut l’avouer, c’est (trop) académique mais cela fonctionne plutôt bien. Des nombreux nombreux chœurs (“All the love in the world”) à la façon de chanter, on se surprend à penser à Oli Sykes. Mais n’est pas Bring Me The Horizon qui veut et les Anglais s’égarent et perdent en impact sur la deuxième moitié de l’ensemble. Les ambiances, à la fois denses et répétitives, nuisent gravement au tout que forme ces onze titres.
On respire quand dans tout cela ?
Il faut dire que la distorsion des guitares est bien moins ample et organique que par le passé, quand celle-ci n’est pas avalée par les gros claviers. Avec sa nouvelle approche sonore, Architects mise tout sur sa nouvelle puissance de frappe, dont les variations et les mélodies ne sont véhiculées que par le chant, toujours aussi irréprochable (“be very afraid”). Malgré la qualité des chansons, le plus gros défaut de ce nouveau disque est son manque d’accalmies et de prises de risques. “burn down my house” propose ainsi les seules mélodies de l’album tandis que le single “a new moral low ground” offre lui un break aux claviers ponctué d’un solo… surprenant. Le reste ? Quelques passages industriels et des morceaux de remplissage, aussitôt entendus, aussitôt oubliés, car trop répétitifs ou conventionnels (“doomscrolling”).
Les symptômes d’un album moyen
Malgré l’enthousiasme et l’énergie indéniables qui habitent the classic symptoms of a broken spirit, ce dixième album d’Architects est en demi-teinte. S’il plaira sans doute à de nombreux fans car il possède son lot de tubes, il en ressort le sentiment que les Anglais ont fourni le service minimum. Depuis près de vingt ans, les gars de Brighton n’ont cessé de se réinventer et de hisser la barre toujours plus haute. Il fallait bien s’attendre à ce qu’un jour, ils la regardent d’en bas.
Informations
Label : Epitaph Records
Date de sortie : 21/10/2022
Site web : www.architectsofficial.com
Notre sélection
- burn down my house
- tear gas
- be very afraid
Note RUL
3/5