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Architects – The Sky, The Earth And All Between

Avec son 11ème album, The Sky, The Earth & All Between, Architects atteint un sommet artistique. Ce disque, produit par Jordan Fish (ex-Bring Me The Horizon), démontre une évolution vers un son plus mélodique, tout en conservant la puissance brute qui caractérise le groupe. Sam Carter, Dan Searle et Jordan Fish ont collaboré avec une alchimie remarquable. Ils offrent un équilibre presque parfait entre technicité et émotion.

Une diversité sonore assumée

L’album s’ouvre avec “Elegy”, un morceau qui plonge l’auditeur dans une atmosphère électro-acoustique captivante. La voix de Sam Carter passe de nuances douces à des growls énergiques, accompagnée d’un piano sinistre qui ajoute une tension subtile. Ce contraste entre l’intime et le cataclysmique donne le ton d’un album aussi émotionnel que technique. La production vient souligner chaque nuance du morceau. De l’autre côté du spectre, se retrouve “Brain Dead”. Ce featuring avec House Of Protection bouscule les codes du groupe en injectant une énergie punk survitaminée. Le tempo effréné et les apports électroniques des ex-membres de FEVER 333 ajoutent une dimension nerveuse et explosive, bien loin du metalcore traditionnel.

Sam Carter confiait récemment à RockUrLife que travailler avec des artistes extérieurs avait été un élément clé pour repousser leurs limites artistiques. Le travail avec Jordan Fish se fait sentir tout au long de l’ensemble. Parfois, certains passages en viennent même à sonner un poil trop Bring Me The Horizon à l’image de “Landmines”. L’influence se sent dans la construction du titre, dans l’emploi des machines ou même la manière de pousser Sam à chanter un peu différemment. Si le partenariat amène le groupe à sortir le meilleur de lui-même il se heurte au trop rock et trop basique “Everything Ends”.

Dans un autre registre, “Judgement Day”, en duo avec Amira Elfeky, explore de nouvelles textures vocales. L’introduction percutante, teintée de sonorités industrielles, laisse place à un premier couplet chanté intégralement par Elfeky, lui offrant une véritable mise en avant. Son timbre sensuel et intense pousse Sam Carter à adopter une approche plus nuancée et aérienne, créant une alchimie vocale inédite pour le groupe.

Entre introspection et puissance cathartique

L’une des forces de The Sky, The Earth & All Between réside dans son habileté à jongler entre brutalité et émotion pure. “Evil Eyes” joue sur un équilibre entre douceur et chaos. Les couplets, presque rêveurs, sont portés par un chant plus éthéré que jamais, avant que le refrain ne vienne tout renverser dans une montée d’intensité impressionnante. Le morceau brille particulièrement dans son dernier tiers, où l’instrumentation prend un virage inattendu vers des textures plus complexes et techniques, prouvant encore une fois la virtuosité des musiciens.

Un des petits bijoux de cet album est le dernier titre du disque : “Chandelier”. En s’éloignant de la brutalité qui caractérise d’autres moments du disque, ce morceau mise sur une interprétation vocale tout en retenue et un accompagnement instrumental minimaliste, où chaque note semble pesée pour résonner avec une intensité émotionnelle particulière. Ce dépouillement sert un texte lourd de sens, traitant du vide laissé par l’absence et du poids du temps qui passe. Tout semble ici suspendu, avec une montée en tension progressive, mais jamais dans l’excès. C’est un appel au secours murmurant plutôt qu’un cri déchirant, ce qui le rend d’autant plus poignant.

Là où “Chandelier” opte pour la douceur, “Broken Mirror” joue sur un contraste plus marqué. Démarrant comme une ballade aérienne, il évolue vers un refrain massif et théâtral. La voix de Sam Carter se fait plus imposante, presque incantatoire. L’instrumentation, d’abord feutrée, se densifie progressivement jusqu’à atteindre un paroxysme émotionnel, renforcé par une section rythmique particulièrement expressive. Ce titre symbolise une autre facette du travail émotionnel d’Architects. Celle qui transforme la mélancolie en catharsis, où le désespoir finit par se muer en puissance.

Une ambition renouvelée

Avec cet album, Architects ne cache pas ses ambitions. Si les précédentes sorties n’ont pas trouvé le succès espéré, The Sky, The Earth & All Between est conçu pour convaincre le public metalcore au sens large. Le travail sur l’impact visuel du groupe est indéniable. Notamment, pour “Blackhole” pour le clip duquel, Architects est allé cherché l’équipe de Falling In Reverse. Pas étonnant de retrouver des morceaux aussi efficaces que “Curse”. Dès l’introduction, le riff principal écrase tout sur son passage, avant que ne surgisse un refrain d’une mélodicité imparable. “Heaven came with a curse“, hurle Carter avec une intensité saisissante, résumé parfait d’un morceau entre désespoir et rage, alternant habilement sections survoltées et passages écrasants de lourdeur.

“Seeing Red”, quant à lui, se démarque par une introduction particulièrement dense, avec toujours ces touches électros qui peuples l’album. La complémentarité des voix y est frappante. Les jeux de réponse entre Sam Carter et des chœurs fantomatiques créent un dialogue interne presque schizophrénique. Par moments, la basse et les guitares adoptent un traitement presque psychédélique. Une approche inédite pour le groupe, qui prouve sa volonté de repousser les limites du genre.

Avec The Sky, The Earth & All Between, Architects prend ici le temps d’exposer ses failles avec une sincérité bouleversante.

Informations

Label : Epitaph Records
Date de sortie : 28/02/2025
Site web : www.architectsofficial.com

Notre sélection

  • Elegy
  • Broken Mirror
  • Chandelier

Note RUL

 4/5

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Marion Dupont
Engagée dans la lutte contre le changement climatique le jour, passionnée de Rock et de Metal le soir !