Arctic Monkeys – Suck It And See

Les petits gars de Sheffield reviennent avec leur quatrième album studio, sobrement intitulé “Suck It And See”, expression britannique idiomatique qui prend ici un double sens. Son sens premier signifiant essayer quelque chose d’unique et voir ce que ça donnera, mais aussi mettez ce CD dans votre stéréo qui le “suck” in et voyez ce que ce qui en sort. Une pochette immaculée, juste typographié, qui ne laisse pas place à l’imaginaire. La musique prime.

A la première écoute, surprise, l’atmosphère est plus pop que sur le précédent opus. Une ballade en cabriolet dans le monde de ces quatre anglais, leur parcours, leurs influences, les filles… Le démarrage se passe en douceur, et attise la curiosité. Une virée indie britpop qui laisse de belles surprises. Le tracklisting est hétéroclite et mélange aussi bien les rythmiques pop que les riffs rock bien gras. Alex Turner (chant) montre ici ses talents de songwriter, les chansons s’enchaînent comme un exercice de styles. Une seconde écoute plus poussée et attentive permet de déceler la touche de James Ford (de Simian Mobile Disco) qui collabore à la création de ce disque. Cette ré-écoute, comme se replonger dans des souvenirs de vacances, fait remonter les émotions passées inaperçues, surtout sur le titre qui baptise cet opus, “Suck It And See”, qui peut faire figure d’outsider, mais c’est ce dernier qui pose cette ambiance “road trip to Brighton Beach”. On ressent les influences de Kasabian (sur “Library Pictures”) ou encore Black Rebel Motorcycle Club (sur “Don’t Sit Down ‘Cause I’ve Moved Your Chair”), un peu des Stooges et des Meteors traîne par-ci par-là également. Le groupe voulait cet effort plus accessible sans pour autant tomber dans le easy listening, rien à voir avec “Humbug” (2009) qui sonnait beaucoup plus rock que pop. La signature sonore des Arctic Monkeys est décelable dès la première écoute et c’est rassurant dans un monde où la musique est gérée majoritairement par des labels commerciaux. Leur collaboration avec le label Domino Records leur permet de faire leur propre son et pas de satisfaire une major.

Ce “Suck It And See” montre que le quatuor a gagné en maturité et a redéfini son objectif musical. Les Monkeys savent ce vers quoi ils veulent aller et nous le montre bien. Un bon album en somme mais pas un must have.