Avec The Pronoia Sessions, Atreyu revisite ses classiques en explorant de nouvelles textures sonores. Cet album réinvente des morceaux phares et propose deux reprises avec des arrangements minimalistes. Ce virage vers une atmosphère plus douce et dépouillée conserve-t-il toute l’intensité d’Atreyu, ou laisse-t-il quelques morceaux en quête de son énergie d’origine ?
Réimaginer un répertoire
Ce qui a commencé comme des performances acoustiques isolées s’est transformé en un disque complet. Inspirés par l’accueil enthousiaste des premiers essais comme “Gone”, Atreyu a décidé de pousser plus loin l’expérience, l’occasion pour le groupe de creuser davantage dans la profondeur émotionnelle de ses titres. Une approche qui se concrétise avec le très beau “Save Us”. La version originale possédait déjà un refrain accrocheur contrastant avec des passages plus agressifs dans les couplets et des touches électro dans l’instrumentation. La version acoustique prend une dimension plus dramatique dès les premières notes, avec un sentiment de gravité qui domine le morceau pour un résultat vraiment convaincant.
Atreyu ne se contente pas d’épurer les versions : le groupe se libère des codes du metalcore. “Right Side Of The Bed”, par exemple, surprend avec un solo de saxophone à la place de la guitare, ajoutant une touche inédite qui adoucit la puissance brute de l’original. Les notes vocales supplémentaires apportent un peu plus de mélodie pour une réinvention complète. À l’inverse, “Gone” ou “Warrior” s’inscrivent dans l’exercice de la reprise très classique. La transposition fonctionne car les titres s’y prêtent bien, mais il manque un peu de travail pour rendre ces nouvelles versions vraiment remarquables.
Entre gravité et intimité
Atreyu s’attaque à l’un de ses morceaux emblématiques avec “Becoming The Bull”. Ce titre, connu pour son énergie brute, se transforme en quelque chose de plus nuancé et personnel. L’explosivité est délaissée au profit de l’intimité. Au-delà de leur propre répertoire, les Américains ont osé le jeu des reprises. “Mary Jane’s Last Dance” de Tom Petty se distingue par une approche sombre. Si le morceau original possède une ambiance plus entraînante, le groupe privilégie ici un tempo ralenti et une interprétation plus touchante. Atreyu reste fidèle à l’esprit nostalgique de la chanson tout en lui ajoutant une note plus sombre. Brandon Saller parvient également à garder le groove de Tom Petty dans sa voix, une belle surprise.
Autre reprise, “Like A Stone” est juste sublime. L’intro au piano, le minimalisme des arrangements, la voix de Brandon Saller, tout sonne juste. L’atmosphère capture parfaitement le sentiment de perte et de nostalgie. Un bel hommage à Chris Cornell et Audioslave qui met en lumière des paroles poignantes. C’est d’ailleurs tout l’intérêt de ce type de sortie : les compositions sont dépouillées, laissant place aux nuances des voix et à des arrangements instrumentaux qui soulignent la gravité des textes. Ainsi, “Drowning” sonne davantage comme un appel à l’aide que dans sa version électrique. Le chant vient toucher l’auditeur sur des registres émotionnels rarement atteints par le groupe auparavant.
Atreyu réussit son pari de réimaginer ses morceaux pour leur donner une dimension émotionnelle plus intense.
Informations
Label : Spinefarm Records
Date de sortie : 25/10/2024
Site web : www.atreyuofficial.com
Notre sélection
- Like A Stone
- Right Side Of The Bed
- Mary Jane’s Last Dance
Note RUL
4/5