Audrey Jungle est un groupe de rock franco-argentin, qui se définit comme du “rock piment”. Formé à Mendoza, en 2007, Audrey (chant) Heber (guitare) se réunissent autour d’influences rock-latine-française à l’image de la Mano Negra, avec cet instinct caractéristique aux Rita Mitsouko. On retrouve ces influences dans la musique de ce groupe qui tourne aussi bien en France qu’en Argentine. En 2010, sort “Versus”, EP de quatre titres, la critique à l’époque témoigne de ce mordant, qui manie le charme et les métaphores, avec rage et mélancolie. La patte latine, l’énergie débridée et le travail des textes ont séduit cette année-là : Audrey Jungle est présente aux côtés de groupes tels que Shaka Ponk et autres Lilly Wood & The Prick sur la compilation “Rock Français : La Nouvelle Génération”. Mais voilà, pendant que ces groupes explosent, Audrey Jungle, de son coté, squatte l’Argentine et revient avec un second EP, “Même Pas Peur”.
Démarrage martelé à la batterie et à la basse avec “Les Pieds Sales”, une intro typiquement Noir Désir, après le voyage initiatique de Bertrand Cantat en Amérique du Sud. Mais hélas, le refrain se rapproche d’une pop world à l’image de Zaz avec des soubresauts d’Olivia Ruiz, l’enfer pour un amateur de rock. “C’est Pas Une Vie”, offre une voix très agréable, des riffs à pédales Wah-Wah, et une rythmique ska très assumée jusqu’à la moitié du morceau. Rupture complète avec une explosion de guitares électriques : la partie joyeuse est boostée aux amphétamines d’une Mademoiselle K aux airs latino. “Le Point Virgule” s’amorce avec douceur : une sorte de Brigitte, agrémenté de touche de Prince Miiaou au goût de flamenco, beaucoup plus pop que rock. Le riff de guitare apporte une touche aérienne sublimant avec puissance l’effort vocal. Un titre qui prouve un univers très particulier tout comme “Intrepidemente Descarada”. Ça démarre comme un bon vieux Renaud, harmonica et guitare sèche, puis une voix, proche d’une Lou Doillon sortie de la Pampa, se pose tout en douceur avec une certaines nonchalance. Plus tard, des pics de guitares fusent comme des coups de pétoires dans un film de Sergio Leone. Une sorte de Nancy Sinatra au maté.
Ce n’est pas l’EP. de l’année certes, il y encore certains points qui laissent à désirer. Le manque de maturité et le second degré risquent d’agacer et l’ensemble est parfois trop lisse. Audrey Jungle offre tout de même un second opus de bonne facture avec des qualités indéniables à travailler. L’association, avec sensualité, de la guitare et de la voix fonctionne très bien, à l’image des Rita Mitsouko. Mention spéciale pour le bombo legüero utilisé avec parcimonie et qui rajoute une touche folk argentine aux titres. Le dernier atout, et non des moindres, est l’ambiance qui se dégage d’une partie de l’EP. Elle transpire, à l’instar de Don Quichotte, la folie de l’espoir et le désir de révolution, ça en devient touchant.
Informations
Label : Believe
Date de sortie : 02/11/2012
Site web : audreyjungle.bandcamp.com
Notre sélection
- Intrepidamente Descara
- Le Point Virgule
- Les Pieds Sales
Note RUL
3/5