Chroniques

August Burns Red – Rescue And Restore

Solidement en marche depuis 2003, August Burns Red a su affirmer son univers musical autour des cinq albums qui formaient leur discographie jusqu’alors. Maîtres incontestables du metalcore, le groupe américain a alors su créer un véritable engouement autour de deux de leurs efforts en particulier, “Messengers” (2007) et le dernier en date, “Leveler” (2011). Il est clair que l’attente à la suite de ce dernier opus, souvent décrit comme un “chef d’oeuvre”, se faisait dans l’espoir d’une nouvelle claque auditive. C’est donc en ce mois de juin 2013 qu’August Burns Red livre sa dernière création : “Rescue And Restore”.

Annoncé en mars et amorcé depuis le mois dernier avec la sortie de “Spirit Breaker” et “Fault Line”, le quintette a mijoté un essai des plus bruts. On entre dans le bain avec “Provision” qui nous réintroduit au son si particulier du groupe. Le chant de Jake Luhrs se construit toujours autour d’un growl grave qui alterne, parfois, avec un chant plus aigue; on retrouve également la déconstruction des morceaux et leur rapidité. Le disque se fait dans la continuité de l’identité musicale des américains. La rapidité du tempo se révèle dans “Count It All As Lost” et “Fault Line”, et en parallèle, les guitares se lancent dans une poursuite effrénée dans “Sincerity” et font entendre leur voix dans “Beauty In Tragedy” et sa fin aux airs de choeur religieux. Les riffs de l’album apparaissent purement réfléchis. Comme dans “Echoes” qui use de pédale looper créant une chambre d’échos (comme son nom l’indique) sur lequel viennent se poser les choeurs comme étouffés pour mieux laisser planer le son des guitares. Sans partir dans le renouveau, “Treatment” se positionne comme un des grands morceaux de l’ensemble. Les riffs et les changements de rythme fusent dans un morceau où le quintette développe toutes ses ambitions mélodiques. Une composition qui se voit interrompue par un entracte au senteur flamenco, s’amusant à faire dans la dentelle instrumentale entre guitare et violon. La présence des cordes marque véritablement l’album. En effet, le combo récidive dans l’utilisation du violon, en l’augmentant d’un violoncelle, en intro du single “Spirit Breaker”. Une entrée orchestrale qui ne peut retenir longtemps la furie metalcore de la formation qui finit par venir submerger le morceau. Un titre qui offre beaucoup de matière sonore puisque le chant de Jake Lears prend une certaine singularité en ayant recourt à un chant plus parlé que chanté, sur le fond d’un arpège léger à la guitare. Sans aller jusqu’à rappeler un certain “Leveler”, la batterie de Matt Greiner se fait particulièrement remarquer par une belle démonstration stylistique proche de “Cutting The Ties”, présent dans ledit album. Déconstruction et rapidité sont clairement les marques de ABR. Toutefois, il semblerait que cette abstraction structurelle dans ses compositions finisse, dans cet effort studio, par entraver la cohérence des morceaux qui en viennent souvent à se perdre dans trop d’éléments en conflit. Parmi les onze pistes qui composent l’album, “Creative Captivity” sort de la nuée sonore parfois intempestive qui englobe la galette. Sa mélodie entrainante et plus fluide, avec un chant qui s’efface comme un mirage que l’on peinerait à percevoir, constitue une pièce de charme, presque intimiste. C’est lors du second assaut du chant que le titre évolue avec une envergure tout autre, en prenant plus de présence et en perturbant les éléments pour que les choses s’agitent de plus en plus. Une chanson essentiellement instrumentale qui semble pourtant se positionner comme le morceau éponyme du disque en s’achevant sur les lyrics “ressue and restore”. C’est un morceau paradoxalement nommé “The First Step” qui met fin à l’album dans un calme post-apocalyptique, clôturant ainsi cette horde de rythmes saccadés et de sonorités dégringolantes à foison. Un titre synonyme, peut-être, d’une volonté de faire un premier pas pour toucher de nouveaux horizons sonores; faisant de cet opus une sorte d’entracte au développement créatif qui suivra sans doute dans leurs prochaines sorties.

Avec leurs fortes compositions et leur univers toujours aussi présent, August Burns Red ne dévie pas fondamentalement de la route metalcore qu’il emprunte depuis le début de leur carrière. “Rescue And Restore” reste dans le classique August Burns Red mais n’est décidément pas à la hauteur d’un “Leveler” ou encore moins d’un “Messengers”, en manquant peut-être de surprise et d’affinement. Un album qui devra, donc, se défendre en live.

Informations

Label : Solid State Records
Date de sortie : 24/06/2013
Site web : www.augustburnsred.com

Notre sélection

  • Creative Captivity
  • Treatment
  • Echoes

Note RUL

3.5/5

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