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Avenged Sevenfold – Life Is But A Dream…

Depuis la sortie de son premier album, Sounding The Seventh Trumpet (2001), Avenged Sevenfold a toujours eu à cœur de se réinventer, passant du metalcore des débuts aux hymnes hard rock de “Nightmare” et “Hail To The King”. Après plus de vingt ans, on aurait pu croire que le groupe californien avait réussi à trouver la recette miracle pour devenir l’un des nouveaux grands noms du metal, de ceux qu’on imagine régner sur les stades et les festivals une fois que Metallica et Iron Maiden auront raccroché les gants.

Mais voilà qu’en 2016, Avenged Sevenfold sort The Stage, un album-concept de metal progressif pour le moins déroutant, à des années-lumière de ce à quoi on nous avait habitués jusque-là. Plus la moindre trace de tubes aux refrains accrocheurs, et des fans divisés. Et le moins qu’on puisse dire, c’est qu’Avenged n’a pas l’intention de faire marche arrière !

L’Avenged Sevenfold que vous aimiez n’existe plus !

Life Is But A Dream…, huitième disque du quintette américain, pousse encore plus loin les limites de l’expérimentation, au point de faire passer The Stage pour un album de rock radio-friendly ! En écoutant cette nouvelle sortie, on sent bien qu’Avenged Sevenfold n’essaie plus une seule seconde de faire ce qu’on attend d’eux, voire même de plaire.

Bien sûr, on retrouve ici et là des gros riffs de guitare et des rythmes endiablés, comme sur l’intro de “Mattel”, qui pourraient déboucher sur des tubes à gros refrains, mais A7X semble refuser catégoriquement de retomber là-dedans et nous prive à chaque fois de ces hypothétiques tubes. À la première écoute, la frustration est terrible ! Nul doute que le groupe californien divisera encore plus ses fans qu’avec The Stage, tant les expérimentations de Life Is But A Dream… s’approchent plus d’un album de Mr Bungle (ou de tout autre groupe de Mike Patton) que du heavy metal moderne auquel on était habitués. Mais finalement, pourquoi pas ?

Un délire psychédélique et expérimental aux influences venues de tous les horizons

Une fois qu’on a fait le deuil du groupe aux refrains qu’on aimait chanter en soirée ou en concert, on découvre une toute nouvelle formation, comme sous LSD, étrange et déconcertante certes, mais surtout audacieuse et créative. L’expérimentation est le maître mot de ce huitième disque et on ressent vraiment tout le plaisir qu’ont eu les musiciens à composer ce nouvel album à travers ces onze morceaux, tous plus imprévisibles les uns que les autres. On a l’impression d’être face à un groupe qui ne s’est rien refusé dans la composition de ce disque, que ce soit dans l’utilisation d’instruments inhabituels comme le mélotron, l’orgue Hammond ou l’harmonica, ou dans les nombreux effets vocaux ajoutés au chant de M. Shadows.

Mais surtout, Avenged Sevenfold s’affranchit complètement du schéma couplet-refrain-couplet et l’écoute de cet ensemble ressemble à un voyage psychédélique sans queue ni tête, mais finalement assez cohérent, dans l’esprit créatif de M. Shadows, Synyster Gates (guitare) et de leurs camarades. Car finalement, quand on y regarde de plus près, ce genre d’expérimentations avec les structures musicales et les variations de rythme et de tempo a toujours plus ou moins fait partie de l’ADN d’Avenged Sevenfold : “A Little Piece Of Heaven”, déjà en 2007, avait des airs de délire opératique; et les Californiens n’ont jamais caché leur amour pour les groupes les plus psychédéliques ou expérimentaux, comme en témoignent les récentes reprises de Pink Floyd ou de Mr Bungle.

C’est surtout là la plus grande force de cet album, ce mélange d’influences toutes plus variées les unes que les autres, souvent au sein même d’un seul et même morceau. Quand “Nobody” mélange sonorités industrielles et harmonies à la Queen, “Game Over” ouvre le disque avec une guitare façon “Stairway To Heaven” pour enchaîner dans des folies que System Of A Down ne renierait pas. Life Is But A Dream… passe d’un morceau grunge proche d’un Alice In Chains (“Beautiful Morning”) à une chanson remplie d’effets de vocoder façon robot triste (“Easier”), d’un morceau funky à la Daft Punk (“(O)rdinary”) à une complainte de crooner typique de Frank Sinatra (“(D)eath”).

Délire sans-queue-ni-tête ou liberté artistique à l’état pur ?

Si Life Is But A Dream… ressemble à première vue à un énorme foutoir “WTF” dénué de sens, ce nouvel album d’Avenged Sevenfold est peut-être plus intelligent qu’il n’en a l’air. C’est surtout l’œuvre d’un groupe qui n’en a désormais plus rien à faire de ce que vous pouvez penser de lui, laissant libre cours à toutes ses envies créatives. Reste à savoir comment un tel virage pourra s’opérer en live, tant ces nouveaux morceaux semblent peu adaptés à soulever des foules dans une salle.

Avenged Sevenfold risque une fois encore de perdre un grand nombre de fans dans ce délire expérimental, mais ceux qui oseront rester encore un peu ne seront pas déçus du voyage !

Informations

Label : Warner Music
Date de sortie : 02/06/2023
Site web : www.avengedsevenfold.com

Notre sélection

  • We Love You
  • Beautiful Morning
  • (O)rdinary

Note RUL

 4/5

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3 commentaires

  1. Perdre des fans, ils doivent s’y attendre. Mais si c’est pour entrer dans l’histoire avec un chef d’oeuvre, pourquoi pas ? L’album semble au départ un indescriptible chaos hypnotique mais les écoutes successives comme une douce brise dissipe cette brume et nous plonge dans une aveuglante lumière: Life is but a dream est déjà l’album de l’année. Et peut-être plus que ça. Et non, je n’ai jamais été fan du groupe ce qui pourrait expliquer mon enthousiasme car je j’avais aucun préjugé.

  2. On retrouve ce que je préfère chez A7X, à savoir de superbes mélodies. Le côté prog les mets d’autant plus en valeur.
    Et toujours de purs riffs et des arrangements au top…
    Alors oui il faut 2-3 écoutes pour apprécier les subtilités de l’album (mais c’est comme avec du Pink Floyd, du Porucupine Tree où les derniers album de Radiohead…).

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