Avenged Sevenfold – The Stage

Alors qu’Avenged Sevenfold avait prévu son nouvel album pour la fin d’année, la bande d’Huntington Beach a pris tout le monde de court en dévoilant son septième effort bien avant l’heure. “The Stage” succède donc à “Hail To The King” (2013) et se présente comme un concept album avec un thème futuriste amenant à s’interroger sur l’intelligence artificielle et ses conséquences. Choix inédit de la part des Californiens qui n’ont pas habitués leur public à ce genre de démarche auparavant ! Cette prise de risque sera-t-elle salutaire ?

L’opus s’ouvre sur l’éponyme “The Stage” qui avait déjà été dévoilé sur la toile il y a deux semaines. Très prometteur, le morceau démarre en fanfare avec ce qui a fait la marque de fabrique de A7X, à savoir un duo de guitares en parfaite harmonie entre Synyster Gates et Zacky Vengeance. Le rythme entraînant bien soutenu par la voix de M.Shadows et la batterie du nouveau venu, Brooks Wackerman, fonctionne à merveille et donne une première impression plus que positive. Le meilleur est à venir avec un break du plus bel effet, d’abord en son clair puis saturé, laissant tout le loisir à Synyster Gates d’étaler son sens aiguisé de la mélodie avec un solo de toute beauté. L’entrée en matière est plus que réussie et suscite donc de gros espoirs pour la suite de l’écoute.

Une fois de plus, Avenged Sevenfold a fait de la mélodie son leitmotiv et ne s’est pas contenté d’empiler des riffs rapides et épais comme on peut en retrouver sur “Paradigm” et son démarrage pied au plancher ou encore “Creating God”. On retrouve des moments très agités mais à chaque fois, les musiciens réussissent à adoucir le propos en ajoutant des harmonies ou arrangements subtils et cohérents. “Simulation” en est un bel exemple avec son intro calme entrecoupée par des passages énergiques et un solo déjanté joué à toute vapeur ou encore “Higher” mêlant un démarrage en douceur, des riffs de haute voltige et enfin une outro aérienne utilisant les choeurs avec justesse. Des morceaux aux registres plus lents trouvent leur place dans le tracklisting et ne dénotent aucunement avec l’ensemble. Le très calme “Angels” porté par la voix tout en justesse de M.Shadows ou le plus mélancolique “Roman Sky”, et ses arrangements de violons habilement utilisés, emmène l’auditeur dans un univers agréable, prompt à l’évasion que l’artwork suscite.

On sent sur ce disque que les musiciens accumulent les années d’expériences et utilisent leurs qualités avec efficacité. La voix de M.Shadows passe par toutes les émotions en étant parfois intrigante (“Sunny Disposition”), torturée et mélancolique (“Roman Sky”) ou parfois rempli de rage (“God Damn”). Le frontman dispose d’un éventail très large qui s’épanouit totalement dans le registre d’Avenged Sevenfold. Les guitaristes ne sont pas en reste et démontrent tout au long de l’écoute leurs complicités en usant de mélodies qui se combinent avec réussite. “Angels” et son solo bien senti ou celui marquant la fin de “Roman Sky” en sont les meilleurs exemples.

“The Stage” se termine sur un inhabituel morceau d’une durée de quinze minutes intitulé “Exist”. Surprenant, ce long titre résume tout ce dont les Américains sont désormais capables. Après une intro déroutante mêlant violons et sons électros tout droit sorti d’une chanson de Muse, Avenged Sevenfold envoie la sauce avec riffs acérés et batterie survitaminée. Après six minutes intenses laissant penser à une pièce instrumentale, le morceau bascule calmement avec l’arrivée de la voix claire de M.Shadows. Le tout évolue vers une partie tutoyant le progressif avant de s’achever avec énergie sur la voix de l’astrophysicien Neil deGrasse Tyson, qui récite un texte spécialement écrit par ses soins. “Exist” étonne et résume la direction choisie par les Californiens dans ce concept album, en proposant des compositions plus élaborées et plus longues que ce qu’ils avaient l’habitude de créer par le passé.

Ce septième effort studio d’Avenged Sevenfold est une réussite et s’écoute avec un plaisir non dissimulé. “The Stage” étonne et sort de la zone de confort qui compose la carrière du quintette. Cet opus n’arrivera peut-être pas à réconcilier les Américains avec ses détracteurs les plus tenaces mais A7X ne pourra pas être accusé de tomber dans la facilité.