Avril Lavigne est une artiste au parcours plus que controversé. Les fans de la première heure lui reprocheront d’avoir troqué son skate et ses bracelets à clous contre des jupes et des mèches roses; les plus fidèles lui pardonneront toutes les erreurs de parcours et les bifurcations physiques et musicales au nom d’une créativité et d’une qualité artistique toujours au rendez-vous. Arrêt sur image pour s’attarder sur ce cinquième album éponyme sorti le 4 novembre 2013 via le label Jive Epic / Sony Music.
C’est entouré de Martin Johnson, chanteur de Boys Like Girls et de Max Martin (P!nk, Kelly Clarkson, Taylor Swift) à la production qu’Avril Lavigne enregistre son nouvel opus treize titres définitivement plus pop que son prédécesseur “Goodbye Lullaby” (2011). Elle-même aux commandes, elle a composé l’ensemble des morceaux, la plupart co-écrits par Chad Kroeger, frontman de Nickelback, avec David Hodges (ex-Evanescence). L’album s’ouvre sur le single “Rock N Roll”, une entrée en matière dynamique, un refrain entêtant et une composition qui rejoint la (désormais longue) liste de hits de la canadienne. “Rock N Roll” est certainement le morceau le plus mainstream de l’ensemble, qui sert d’ouverture comme sur “The Best Damn Thing” (2007) avec “Girlfriend” et sur “Goodbye Lullaby” avec “What The Hell”. Changement d’ambiance dès le deuxième titre; l’influence de Martin Johnson comme co-producteur de l’essai est palpable sur “Here’s To Never Growing Up”, “17” ou encore “Sippin’ On Sunshine” un peu plus loin, qui ne sont pas sans rappeler le dernier effort studio de son groupe, Boys Like Girls. Le catchy “Bitchin’ Summer” apporte une touche de soleil, avant le mélancolique “Let Me Go” en duo avec le mari de la jeune femme, Chad Kroeger. “Give You What You Like” rappelle l’ambiance douce et l’instrumentalisation légère des morceaux de “Goodbye Lullaby”. Réveil garanti avec la piste suivante, “Bad Girl”, un nouveau featuring cette fois avec Marilyn Manson, dans un style beaucoup plus rock et plus cru, voire presque grunge, unique sur l’album. La voix d’outre-tombe du Révérend ajoute une nouvelle couleur à la palette déjà variée des différents registres de cette galette, tandis que la voix d’Avril Lavigne rappelle, quant à elle, sans conteste celle de Taylor Momsen (The Pretty Reckless). La similitude de sa teinte vocale sur ce titre avec celle de la jeune chanteuse américaine est saisissante. On passera très brièvement sur “Hello Kitty”, délire électro/hand-clap incompréhensible de la chanteuse, qui s’est visiblement perdu sur ce disque. “You Ain’t Seen Nothin’ Yet” ramène la “vraie” Avril Lavigne, dans un registre plus proche des titres de “The Best Damn Thing”. L’album se clôt en douceur sur trois ballades aux mélodies discutables (“Hello Heartache”, “Falling Fast”, “Hush Hush”) et la conclusion se fait un peu longue.
Similaire à son prédécesseur, en moins répétitif, “Avril Lavigne” est dit plus personnel. Il est dans l’ensemble agréable à écouter malgré quelques écarts de conduite (“Hello Kitty”, what the hell?). Moins baggy, plus unplugged, l’album est la preuve que le style pop rock des premiers albums a bien été classé sans suite. La pop subsiste tout de même avec une majorité de titres basés guitare acoustique (“17”, “Bitchin’ Summer”, “Give You What You Like”, “Hello Heartache”, “Falling Fast”…). Avec “Goodbye Lullaby” et sa prédominance folk/ballades délicates, ce disque marque un nouveau tournant dans la carrière musicale d’Avril Lavigne. Les fans en quête de hits rock façon “Let Go” (2001) vont encore être déçus, les radios quant à elles, vont se régaler.
Informations
Label : Sony Music / Jive Epic
Date de sortie : 04/11/2013
Site web : www.avrillavigne.com
Notre sélection
- Rock N Roll
- Here's To Never Growing Up
- You Ain't Seen Nothin' Yet
Note RUL
3.5/5