Bagdad Rodeo – Bagdad Rodeo

Groupe parisiano-montpelliérain en progressive ascension, Bagdad Rodeo est un projet à part dans le paysage du rock français. Il est difficile de qualifier cette formation avec laquelle nous avons eu l’opportunité de déconner, et dont nous avons pu vérifier la réputation scénique en premier partie des non-moins délirants Viza. Réalisé par Shanka, guitariste superactif de No One Is Innocent, leur premier album, simplement baptisé “Bagdad Rodeo”, est un aperçu prometteur de la gouaille de ces six cowboys-rockeurs.

Ce premier opus se distingue par la diversité de ses compositions. Dotés d’une production plus que correcte, les treize titres de Bagdad Rodeo se suivent et ne se ressemblent pas. Cependant, ils sont parcourus par le même ton engagé. Ici, pas de ballade niaise, ni de discours direct et racoleur prônant la paix dans le monde et le sauvetage des pandas. Hin-hin. A l’image de “Areva Mon Amour”, certains textes rappellent sans équivoque que bon nombre d’enculés peuplent notre précieuse planète. C’est révoltant, drôle, mais ça casse pas toujours trois pattes à un canard. Néanmoins, l’on trouve des images plus nuancées, comme le poème qu’est “Le Peuple Sale”. Mis à part l’écriture, les Bagdad Rodeo sont bien entourés et le montrent. Mi-acide, mi-tendre, “L’Autre” se distingue pour sa collaboration avec l’exquise Faustine d’Orchester (vu au printemps dernier au Nouveau Casino). Quant à la “Longue Histoire” racontée avec Kemar, elle aurait tout à fait sa place sur un album de No One si tel un crooner perdu sur la planète rock’n’roll Ludo ne posait pas sa voix, tantôt calme, tantôt explosive. Bref, que l’on valide ou non les points de vue du groupe exposés dans ces comptines rock, l’ensemble diffuse une énergie positive que l’on goûterait volontiers en live. Bagdad Rodeo possède la capacité de faire danser sur un morceau intitulé “Monde de Merde” (ouuuh-ouuuuuuh) : sympathique contradiction entre le sérieux et la farce que l’on espère voir s’étoffer avec le temps.

Quelque part entre la chaleur torride de la capitale irakienne et l’indicible irrévérence d’un cavalier excitant son noble destrier, l’éclectique musique de Bagdad Rodeo est une invitation maîtrisée à la danse et à l’action. Parfois maladroit dans l’écriture, inégal dans la composition, Bagdad Rodeo demeure un bon disque de rock français, sur lequel rire, s’indigner, se trémousser – ou les trois à la fois. Un album à partager, donc; et qui, même s’il dresse le portrait d’une actualité franchement déconcertante, donne le sourire… Monde de merde.