Bagdad Rodeo – Deux

Oreilles prudes et conformistes, passez votre chemin car c’est du nouvel album de Bagdad Rodeo, intitulé “Deux”, sorti le 17 décembre sous format digital et disponible dès le 21 janvier prochain dans les bacs, dont nous allons parler ici. Pour ceux qui aurait loupé le coche en 2010, Bagdad Rodeo c’est le jeune groupe qui à su, dès son premier effort éponyme et ses premiers concerts, se faire une place dans le paysage rock français décalé entre des gentils Fatals Picards, des faussement juvéniles Wampas, de VRP délirants ou encore des rois du metal parodique, Ultra Vomit.

Le ton comique et le refus du politiquement correct qu’on avait découvert dans le premier opus du groupe est omniprésent dans ce nouvel opus. Avant même d’avoir pu écouter l’un des quatorze titres qui le composent, la vue de la jaquette, représentant deux bikers obèses, posés sur des motos qui paraissent bien trop petites pour supporter leur poids, nous met déjà la banane et confirme que l’humour est bien la marque de fabrique du groupe. Ce qui est intéressant avec “Deux” c’est que l’écoute est aussi jouissive que l’on s’attarde sur les textes ou que l’on prête notre attention à leur mise en musique emprunte d’une véritable énergie rock. Les paroles signées par Ludo sont des petits bijoux d’humour acide inspirés par la réalité. Ainsi, si la liste des sujets abordés n’est pas spécialement originale, la satire qui est faite de ces thèmes est à la fois très pertinente et impertinente. Par exemple, sur la peopolisation d’illustres inconnus pourvus de peu (voir dépourvus) de talent (“Dis-Moi Papa”), les Bagdad Rodeo se demandent entre autres comment “elle fait Loana pour sortir des livres, comment elle fait avec son QI d’endive ?” ou comment ils font “ces chanteurs de variété pour faire des disques sans les avoir composé ?”. Et la réponse générique à toutes ces questions scandées comme un leitmotiv dans le refrain est finalement assez simple : tous, “ils sucent des bites”. Les “bips” de censure mal placés et les commentaires off qui suivent, ajoutés au fils du refrain, rendent encore plus drôle la chanson. Les rapports hommes/femmes sont également un sujet abordé par le combo dans “J’Aime Pas Les Filles”. Dans ce titre, ces demoiselles sont alors décrites comme des êtres qui “bouffent toujours allégé et qui font chier avec leur poids quand se rapproche l’été” ou encore qui “ne pensent qu’à se marier comme toutes (leurs copines) encore plus demeurées”. Tandis que les “mecs” sont dépeint comme équipé d’un “cerveau atrophie et une bite pour décider”, “d’une paire de couilles bien accrochée et une main gauche pour les gratter”. Pêle-mêle, ce sont aussi les thèmes de la vie de couple (“Le Couple Idéal”), la religion (“Mon Pote Jésus”) ou les méfaits de la cigarette (“L’homme A La Cigarette”) qui sont la cible des critiques exprimées par Bagdad Rodeo. Comme nous le disions précédemment, la musique est la hauteur de la qualité des paroles. Il y a sur “Deux” des compos et ambiances très différentes mais à chaque fois très justes et soignées. Ainsi au fils du disque, on passe de morceaux très dansant (“Quand Je Serai Mort”) qui sont à la limite de la dance à des titres qui ne ferait par rougir certains de nos groupes de metal hexagonaux (“Bagdad Rodeo”, “Le Nouveau Millénaire”, “La Balayette”) en passant par des chansons flirtant avec la variet’, la pop, le rockabilly, la country ou encore le punk. C’est donc un rock avec de multiples figures où la guitare et les riffs ravageurs ont la part belle et un rock avec une rythmique variée, qui est toujours impeccablement calée mais ou mais aussi avec par ci-par tout un tas de bruitage, l’intervention de pianos, de cuivres ou encore de chœurs. Notons au passage que c’est Shanka de No One Is Innocent qui s’est collé à la réalisation de ce “Deux”, comme c’était déjà le cas pour le premier album.

Avec ce second essai, les Bagdad Rodeo ne nous ont pas déçus. Ils confirment ici la très bonne impression qu’ils nous avaient donné en 2010 et marquent leur territoire dans le paysage des groupes rock dont le créneau et l’humour est la satire acide des petits travers humains.