Bantam Lyons, sous ce nom énigmatique se cache un quatuor breton qui a décidé de se tourner vers les nuisances sonores, à savoir le shoegaze, style dont le revival se veut de plus en plus en vogue. Ce nouvel EP éponyme fera-t-il de Bantam Lyons un groupe comme les autres ou au contraire, aidera-t-il la formation à se démarquer d’une scène dont les idées semblent parfois toutes exploitées ? Ni vraiment l’un, ni vraiment l’autre…
Car sur ces cinq chansons, il y a du très bon qui côtoie, il faut l’avouer, du moins bon. On appréciera “Glow”, la chanson d’ouverture dont l’intensité de la voix et l’émotion des arpèges rappellent la magie des premiers Muse. La qualité première de la bande est de nous emmener progressivement en terres shoegaze sans que l’on en soit réellement conscient, ce qui aura pour avantage de plaire à la fois à ceux qui découvrent le style, mais aussi aux initiés, plus difficiles à contenter. D’ailleurs, qu’ils se rassurent, il y a parfois des murs sonores qui se décident à exploser et on se retrouve avec une atmosphère entre post rock pour les accords et la technique et shoegaze pour le son et la démarche (“Wednesdays”), ce qui est appréciable même si malheureusement peu original dans l’exécution. Et c’est dans la cohérence et l’articulation des titres que Bantam Lyons semble perdre en efficacité : certes l’exercice de l’EP est difficile dans la mesure où sur un format court, il faut présenter l’identité globale du groupe.
Quand résonnent les mélodies dansantes et la rythmique ultra puissante de “Something Familiar”, morceau ultra efficace qui ne dépasse pas les 2’30, on se demande où le quatuor veut vraiment en venir. Il est décontenançant de changer si radicalement de territoire, et l’ancienne facette, celle du “shoegaze un brin conformiste” parait tout d’un coup bien loin. On est presque frustré de ne pas entendre d’autres chansons dans ce style dansant qui lui va si bien. Et cette sensation de changement constant, de ne pas trop savoir où l’on met les pieds tout en gardant paradoxalement une certaine immersion, s’accentue tout au long de l’EP jusqu’au très beau final “Yellow Fingers”. Ici, la musique du combo parvient enfin à décrocher l’élément essentiel qui lui manquait jusqu’alors, c’est-à-dire du corps : le magnifique fin avec un picking typiquement post rock, un ingrédient, qui, classique, prend ici tout son sens et délivre de l’émotion, un naturel qu’il a peut-être parfois manqué sur le reste de l’EP. Il y a d’ailleurs fort à parier que la musique de la formation s’inscrive mieux sur un format album.
Si la démarche de Bantam Lyons semble honnête, son style, authentique et la voix de son chanteur, pleine de potentiel, il en faudra plus au quatuor pour se démarquer de la myriade de groupes qui sont montés dans la navette pour retourner dans le passé et rendre un bel hommage au shoegaze. Est-ce l’objectif ? Le problème n’est pas d’avoir plusieurs influences, c’est au contraire une chose à saluer sur cet EP, mais il faut les articuler avec un certain savoir, une certaine finesse qui, heureusement, s’acquiert avec le temps. Alors ne regardez pas vos pieds plus longtemps et allez jeter une oreille (ou deux) à cet EP.
Informations
Label : Kshantu / L’Autre Distribution
Date de sortie : 16/10/2015
Site web : www.bantamlyons.com
Notre sélection
- Glow
- Yellow Fingers
Note RUL
2.5/5