Chroniques

Bastille – Bad Blood

Premier album particulièrement attendu pour le quatuor indie rock/synth pop, mené par le talentueux Dan Smith. Le succès ne s’est pas fait attendre pour les londoniens, puisque “Bad Blood” s’est placé en tête des ventes au Royaume-Uni dès sa sortie. Comment expliquer un tel buzz autour de ce jeune groupe, tentons de comprendre ceci en nous intéressant à ce fameux premier opus.

Bastille, c’est avant tout Dan Smith, auteur-compositeur, qui a souhaité faire évoluer sa carrière solo en un projet de groupe après deux EP (“Other People’s Heartache Pt. 1 & 2”) de remix de morceaux de la culture pop des années 90-2000. C’est avec Will Farquarson (basse), Kyle Simmons (synthé) et Chris Wood (batterie) que le chanteur se lancera dans l’aventure afin de travailler sur des compositions originales, partagées sur le web par la formation dès 2010. Les fans ne s’étonneront donc pas de retrouver sur l’opus plusieurs de ces morceaux, comme “Flaws”, “Icarus” ou encore “Overjoyed”. Pas de titre introductif sur le disque, qui entre dans le vif du sujet dès la première piste avec l’un des plus gros cartons du groupe, le phénoménal “Pompeii”. Celui-ci comprend tous les éléments essentiels qui définissent le son de Bastille et expliquent leur succès : un usage massif des chœurs, une énergie vibrante, une mélodie à la fois simple et prenante, des percussions retentissantes, et bien sur la voix suave de Dan, qui s’envole avec aisance dans les aigus. On a beau dire, quand un morceau reste en tête toute la journée, c’est qu’il fonctionne, et ça ne pourrait être plus vrai avec “Pompeii”, que l’on se surprend à chantonner plusieurs jours après sans même y penser. Si, au fond, la formule employée par le quatuor n’a visiblement rien de sorcier, cet apparent vernis de simplicité cache une véritable sophistication, aussi bien dans l’écriture que dans la performance. Une signature musicale qui est finalement difficile d’analyser, et c’est sans doute ce qui fait tout le charme de la formation. Quoi qu’il en soit, une vraie bonne humeur transpire de la plupart des pistes de la galette, à travers les nappes de synthé autant que les chœurs et le rythme bondissant d’un “Weight Of Living, Pt. II” ou d’un “Laura Palmer”, même lorsque le tempo se fait plus lent, comme sur “Bad Blood” ou “Flaws”. En fait, presque tous les titres de cet album pourraient être utilisés tels des singles. “Things We Lost In The Fire” nous entraîne sur la même voie, après un démarrage en douceur au piano, l’instrument de prédilection du frontman, par ailleurs particulièrement mis en valeur dans “Daniel In The Den”, l’exaltant “Overjoyed” ou encore la très belle ballade “Oblivion”. On se tournera justement vers ces deux derniers morceaux pour apprécier au mieux les compétences vocales de Dan, sublimées par le contraste d’un fond musical plus dépouillé que sur les autres titres et laissant donc plus de place à la voix. “Oblivion” donne aussi un rôle important aux cordes, qu’on retrouve en soutien à différents autres moments de l’album, comme sur l’envoûtant “Icarus”. La force de ce morceau-là réside en grande partie dans son atmosphère changeante, une particularité dont aime jouer le quatuor avec, admettons le, un certain talent : le titre s’ouvre ainsi dans une ambiance presque fantômatique sur la voix de Dan a cappella, sur laquelle vient se greffer la batterie quelques secondes plus tard pour apporter une certaine profondeur, avant que finalement n’entre le synthé, ramenant avec lui une dose de fun et de légèreté. “Daniel In The Den” constitue quant à lui un contraste intéressant avec le ton globalement optimiste de l’opus, une gravité latente se dégageant de sa mélodie comme de ses paroles. Après un “Get Home” au ton sensiblement mélancolique, magnifié par l’usage du vocoder sur la voix, le disque s’achève de manière assez contradictoire sur “Weight Of Living, Pt. I”, la deuxième partie se trouvant plus tôt dans l’album. Espièglerie de la part du combo ou message dissimulé ? Sans doute un peu des deux.

Très bon premier effort de la part d’un groupe qui s’est déjà constitué une solide base de fans et qui, à n’en pas douter, poursuivra son ascension en cette année 2013. On vous conseille de garder ces quatre garçons là à l’œil. Ils seront justement de passage à la Flèche d’Or le 25 avril prochain.

Informations

Label : EMI
Date de sortie : 04/03/2013
Site web : www.bastillebastille.com

Notre sélection

  • Pompeii
  • Overjoyed
  • Daniel In The Den

Note RUL

4/5