Ils sont d’Angleterre, ils sont des Etats-Unis, elle est anglaise, il est américain. Il y a du rock indé, il y a du shoegaze, il y a une fougue directement issue des 90’s. Vous l’aurez compris, Big Deal est un duo en provenance des deux terres du rock, qui s’est notamment fait un nom après avoir assuré la première partie de Depeche Mode en 2014.
Mais ce sont deux premières sorties, respectivement en 2011 et 2013, qui avaient déjà permis au duo de s’imposer. Si le premier versait plus dans une pop folk classique, le deuxième voyait déjà l’apparition d’effets sur les instruments. Ce “Say Yes” est clairement dans la continuité du travail précédent. Le premier single, “Avalanche”, nous présente une recette qui a toujours su faire ses preuves : des guitares explosives et un duo de voix masculin/féminin puissant. Mais rien de nouveau sous le soleil. Ce sont plutôt des titres comme “Say Yes”, où le rythme redescend et une certaine rancœur adolescente s’installe que l’alchimie prend. Une mélancolie bleutée assiège nos tympans, la fièvre remonte rapidement grâce aux guitares saturées sur les refrains : Big Deal est le maître de nos émotions et l’auditeur n’est plus qu’un pantin dont l’humeur varie au gré des ambiances développées par le groupe. Car une ballade comme “Saccharine” et ses beaux arpèges cristallins saupoudrées de reverb installent et sèment le doute, les couleurs changent, le rythme également. Les motifs musicaux de la nouvelle fresque de Big Deal ne sont variés qu’’n apparence et c’est clairement là le point faible de cette nouvelle offrande.
Cette recette du duo est trop copieuse et flirte parfois avec l’indigeste : trop de codes sont repris. Trop de morceaux manquent de personnalité, passés d’abord dans la moulinette d’un armada de styles qui tournent tous autour du rock avec un grand R. Ces alternances clean/disto, les ambiances qui alternent entre légèreté, accalmies et moments plus punchy : il y a fort à parier que ce “Say Yes” sera vite oublié malgré ses qualités indéniables. Aujourd’hui, l’efficacité (bien de mise ici), se doit d’être supplée par une prise de risque trop rare, prise de risque dont s’est totalement affranchie Big Deal. De plus, la voix d’Alice Costelloe repose trop sur ce côté lancinant, plaisant lors des premières écoutes mais dont le charme finit par se ternir. Pourtant, il y a des moments où le groupe se sort un peu de ce schéma et nous laisse entrevoir la lumière, comme sur “Veronica”, dont le refrain a su troquer cette torpeur adolescente pour un sentiment plus adulte. De même, la sublime “Kitty Pride”, dont les percées mélodiques rappellent My Bloody Valentine, est un grand moment du disque. Enfin, les huit minutes de clôture sur “Idyllwild” sont d’une beauté rare, entre accalmies inspirées et mur de sons rêveurs.
Ce “Say Yes” n’est ni un oui tranché, ni un non catégorique. Il s’apparente plus à un petit nuage aux teintes bleutées sur lequel l’auditeur est sympathiquement invité à s’asseoir, le temps de quelques titres. Mais tout le monde ne sera certainement pas en mesure de rester assis sur ce cirrus tout au long de cette troisième réalisation. Et si ce Big Deal n’est pas une réussite totale, c’est bien parce que ce “Say Yes” laisse entrevoir un talent capable de hisser le duo très haut. Reste à pousser la porte de l’originalité, et à pourquoi pas l’ouvrir entièrement. Ce n’est pas si risqué.
Informations
Label : FatCat Records / Modulor
Date de sortie : 10/06/2016
Site web : bigdealjunegloom.sandbaghq.com
Notre sélection
- Say Yes
- Kitty Pride
- Idyllwind
Note RUL
3.5/5