Deux ans après le très acclamé “Reiði” (2018), Black Foxxes fait son grand retour avec un line up tout frais et un troisième album à la clé. Pour leur disque éponyme, les Anglais reviennent avec un rock transformé, plus abrasif et psychédélique que par le passé. Récit d’une renaissance.
Un rock métamorphosé
C’est avec le single “Badlands” que Black Foxxes a décidé de présenter ce nouvel album. Du haut de ses huit minutes, le trio d’Exeter montre que sa nouvelle formule se moque bien des poncifs du genre. Mais ce titre dévoile aussi l’étendue du spectre musical du nouveau trio, dont seul Mark Holley (chant/guitare) reste le membre d’origine. Enregistré en live pour en garder l’intensité, le morceau est un diamant brut dans lequel la nouvelle section rythmique s’exprime à travers de nombreuses variations de tempos et d’ambiances. Brumeux, chaotique et hargneux, ce single est une véritable folie psychédélique dans laquelle son chanteur, atteint de la maladie de Crohn, est sans filtre. Sa voix criarde, méconnaissable par moment, crache des paroles toujours aussi personnelles que sarcastiques.
Des racines préservées
Malgré cette nouvelle aura psychédélique qui enrobe chaque morceau, Black Foxxes garde des réminiscences de cette fougue adolescente qu’on lui connaît. Le décalage entre les couplets et le refrain très harmonieux mais noyés dans la reverb de “My Skin Is” est un exemple très parlant. Même si elles ne sont pas dénuées d’expérimentations, “Panic” et “Jungle Skies” endossent quant à elles le rôle de ballades, qui permettent à l’auditeur de reprendre son souffle et de retrouver la facette plus émotionnelle des Anglais. Ces titres offrent une pause bien méritée et donnent un vrai relief à l’ensemble du disque, dont la qualité et le défaut premier sont finalement identiques : son incroyable densité.
Un ensemble complexe à digérer
Si la prouesse de cultiver un terreau musical irrigué de nombreux contrastes est réelle, Mark Holley et ses deux nouveaux comparses livrent un ensemble incroyablement riche, dense et finalement relativement complexe à digérer. D’un titre fantomatique et minimaliste tel que “Drug Holiday” au virage très hippie et jazzy de “Swim” , en passant par les montagnes russes du final de quasiment dix minutes “The Diving Bell” où les cœurs laissent place à des déflagrations de distorsion improbables, il est clair que la nouvelle section rythmique de Black Foxxes impressionne par son audace. Et perd aussi son auditeur dans des méandres expérimentaux pas toujours accessibles ! Ou du moins, clairement pas aussi accessibles que la scène musicale dont est issue le groupe et semble se détacher avec cette nouvelle offrande.
Adieu le juste milieu
Facile à qualifier car doté d’une grande richesse et pourtant tellement compliqué à étiqueter en termes de genre, ce “Black Foxxes” n’accepte aucun compromis. Fruit des jours les plus sombres de son géniteur, il risque de diviser les fans, d’attirer de nouveaux curieux et de sceller cette vérité : ce troisième disque, plus qu’un renouveau passager, plus qu’une prise de risque opportuniste, fera date dans la discographie de Black Foxxes. Il n’y a plus qu’à transformer l’essai.
Informations
Label : Spinefarm Records
Date de sortie : 30/10/2020
Site web : www.blackfoxxes.com
Notre sélection
- Badlands
- My Skin Is
- The Diving Bell
Note RUL
3,5/5