Blackout Problems – RIOT

Trois ans après l’excellent DARK (2021), Blackout Problems revient avec un nouvel album au titre évocateur : RIOT. Avec un membre en moins, le désormais trio allemand doit relever le défi de faire mieux, ou aussi bien, que son précédent disque. Alors, pari réussi ?

L’esprit punk

RIOT est avant tout un album de rock alternatif aux influences multiples croisant pop, électro et… punk. Dans la continuité de ses disques précédents, Blackout Problems se positionne comme un groupe politisé. On se souvient de l’audace des paroles de l’ouverture de DARK, “MURDERER”, qui voit Mario Radetzky chanter autour d’une idée : “The best politician is a dead one“. Dans RIOT, pas de phrase d’accroche aussi provocatrice mais toujours des textes évoquant une forme de désillusion politique, comme sur “WHALES” (“She said to show you the way out we’ll vote you the fuck out“) ou “TIREDICE” (“You’re not my government, you’re the law I break“). Au-delà de ces prises de position, les sujets abordés empruntent d’autres thématiques à mi-chemin entre le punk rock et l’emo : parallélisme entre l’amour et l’addiction aux drogues sur “DNA” ou “STASH”, nostalgie de la jeunesse sur “TROUBLE”, chagrin amoureux sur “PUZZLE” et santé mentale sur “BLACKROOM”.

Les paroles ne sont pas le seul élément à évoquer un certain esprit punk. Comment ne pas mentionner cette voix rauque tellement caractéristique de l’essence musicale de la formation ? Dès la première chanson, “DNA”, on est accueilli par un chant très direct et crié. La démarche artistique de Mario Radetzky n’est pas sans rappeler celle d’un Joe Talbot (IDLES) ou d’un YUNGBLUD. Tempos rapides et riffs simples viennent confirmer les sonorités punk du disque, caractéristique régulière de la discographie du trio allemand.

La fraicheur pop

Si on reconnaît sans le moindre mal l’identité sonore du groupe, ce nouvel album propose une ambiance moins sombre que son prédécesseur – paroles à part. Les mélodies simples et entraînantes des refrains de “STASH” ou “PUZZLE” fonctionnent plutôt bien. Les petits leads de guitare au son clean survolent la plupart des chansons, comme sur “FUNERAL”, soulignant joliment le propos gorgé d’espoir du morceau. Le tout est agrémenté de nappes au synthé, apportant légèreté et amplitude dans le son.

Si Blackout Problems emprunt à l’électro depuis son deuxième album KAOS, et particulièrement sur DARK, l’utilisation de boucles et de nappes sur RIOT diffère dans l’impression véhiculée. À part sur l’étonnante “GLOFS” (qui donne le micro à Rou Reynolds, chanteur d’Enter Shikari) ou la dansante “TALKTOME (II)”, les ajouts électro semblent surtout revêtir un rôle atmosphérique, tranchant avec leur lourdeur et leur charge mélodique sur certaines des meilleures chansons du deuxième disque de DARK (on en profite pour mentionner l’excellente “EPISODE I”). Ainsi, l’influence électro est toujours présente, mais moins audacieuse que dans le passé.

Le résultat ? Un agréable mariage entre acharnement punk et fraîcheur pop, qui se laisse écouter sans mal, mais sans laisser d’impression très marquée chez l’auditeur. De façon générale, il peut être reproché à Blackout Problems d’être restés dans sa zone de confort pour ce quatrième album, et de ne pas avoir su répondre à l’ambition affichée de DARK. Difficile de détester, mais tout aussi difficile de tomber d’émerveillement.