Blues Pills – Birthday

Qui a-t-il de plus rock n’roll que de créer à la fois la vie et de la musique ? C’est le postulat de départ du bien nommé Birthday, enregistré pendant la grossesse de la chanteuse Elin Larsson. Cette sortie de Blues Pills se révélera-t-elle, à son tour, un heureux événement ?

Forme olympique

La décision de sortir cet album au beau milieu de l’été pouvait paraître risquée. La première écoute nous montre qu’elle est au contraire complètement cohérente avec l’ambiance dégagée. Alors que la formation nous avait habitués à des éléments psychédéliques, c’est une approche beaucoup plus directe qui est proposée ici.

La première partie montre ainsi un enchaînement de titres dynamiques et solaires (“Don’t You Love It”, “Bad Choices”). Particulièrement accessibles, ces morceaux convoquent les souvenirs de la soul mainstream de Duffy. Plus rock, le single “Birthday” s’inscrit également dans cette immédiateté, avec un message beaucoup moins léger que le rythme pourrait le laisser croire. Elin a ainsi voulu relater une expérience sexiste vécue le jour de son anniversaire : “Je ne sais pas ce que ce mec pensait ou faisait, mais il s’est permis de dépasser mes limites personnelles de manière très irrespectueuse“. Le ton est donné sur une thématique féministe portée fièrement par ce disque.

Immédiat mais peu addictif

Si ces compositions apportent de l’instantanéité, elles perdent en contrepartie en profondeur. Alors que les couplets s’avèrent d’intrigantes rampes de lancement, les promesses entrevues retombent aux détours de refrains peu inspirés. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si “Piggyback Ride” est l’un des meilleurs moments de l’ensemble. Le morceau est en effet dénué de véritable refrain, laissant davantage d’espace pour exprimer la musicalité de la formation. “Holding Me Back” pousse également les curseurs plus loin dans la fougue, sans chercher à délivrer un refrain artificiellement fédérateur.

La seconde partie est à ce titre beaucoup plus intéressante. Si vous aviez adoré “Little Sun” sur son premier album, le quatuor suédois a encore du blues rock en rayon avec “I Don’t Wanna Get Back On That Horse Again” et “Somebody Better”. On apprécie ici que le groupe succombe à la folie de riffs endiablés et d’envolées vocales moins linéaires. Vocalement, on sait qu’Elin fait partie de ce qu’il se fait de mieux sur la scène rock actuelle (la version 2013 de “Devil Man” devrait suffire à vous en convaincre). Cela ne nous empêche pas d’être bluffés par les sommets atteints par le refrain de “Top Of The Sky”, qui pourrait tout à fait sortir du répertoire d’Adele (cette phrase est folle !). On regrettera que cette voix soit servie par une production trop lisse, qui empêche l’ensemble d’atteindre un stade supérieur.

Blues Pills est un groupe attachant, qui démontre un réel savoir rock n’roll. Cet album délivre une écoute agréable, qui expose son plein potentiel sur sa seconde partie, moins immédiate et plus surprenante. Il manque néanmoins un peu de profondeur et d’aspérités pour donner envie de s’y attarder l’été passé.