Bon Jovi – What About Now

Avec John Shanks aux manettes, comme sur les trois derniers albums, le groupe Bon Jovi sort ce mois-ci “What About Now” son douzième album studio. Avec toujours la fidèle équipe entourant celui qui donne son nom au groupe, à la guitare le virtuose Richie Sambora, David Bryan aux claviers et Tico Torres à la batterie; plus Hugh McDonald qui tient la basse depuis presque vingt ans mais qui n’apparait toujours pas sur les clichés officiels !

Les gars connaissent la formule. Tous les derniers albums en date ont été des succès et se sont classés dans les charts. Même si aucun single ne se détache pour faire un carton sur les ondes, ils savent manifestement concevoir leurs disques comme des entités efficaces. Après leur incartade country de 2007 avec “Lost Highway”, les revoici à écrire sur les grands sujets d’actualités comme sur leur précédent album studio “The Circle” (2009). Bon Jovi pose la question “what about now?” puis s’efforce de donner sa vision des choses au fil des titres. Sur la pochette, pas de photo de groupe ni d’expérience déroutante à la “Have A Nice Day” (2005), mais une sorte de collage, aux tons kakis-camouflage avec divers éléments virils qui, donne encore une nouvelle direction visuelle. Du côté du son, un relatif abandon du côté hard de leur rock qui avait été amorcé avec “The Circle” ou “Have A Nice Day”, mais plutôt des arrangements qui rappellent Coldplay ou U2. La performance vocale de Jon est toujours très bonne et le jeu de guitare de Sambora parfaitement ajustée. Plusieurs ballades, dans la plus pure tradition du groupe du New Jersey comme “Thick As Thieves”, peut-être pas la plus réussie mais avec un beau solo du guitariste en titre, “Room At The End Of The World” réchauffée elle aussi par la guitare, ou le bruit des doigts qui glissent sur les cordes de “The Fighter” (B.O. du film “Stand Up Guys” avec Al Pacino) avec son petit air de “Prendre Un Enfant Par La Main” d’Yves Duteil ! Toujours dans la catégorie des tempos lents, on trouve un zeste de ferveur spirituelle avec de l’orgue quasi religieux tenu par une belle performance vocale de Jon sur “Amen” (on se souvient que le groupe avait repris “Hallelujah” de Leonard Cohen), et une pincée de ballades country avec “Not Running Anymore”, un blues au coin du feu que ne renierait pas Pearl Jam, ou “Old Habits Die Hard”. Bien entendu, il y a aussi des titres accrocheurs et aptes de faire lever le poing dans les stades avec par exemple le morceau d’ouverture “Because We Can”, ou d’autre à la rythmique qui pulse comme “What’s Left Of Me” et sa relance à la batterie ou “That’s What The Water Made Me” cousu de bonnes guitares et qui peut évoquer Springsteen. A noter également dans le genre du Boss le “Every Road Leads Home To You” interprété par Sambora (dans les bonus). Rien à signaler sur le très bon jovien “I’m With You” et sa déferlante régulière de guitares avec un nuage de blues et ses chœurs à étages; chœurs qu’on retrouve sur “Army Of One” (chanson écrite avec la complicité de Desmond Child avec qui le groupe a écrit deux grands hits, “Livin’ On A Prayer”, et “You Give Love A Bad Name”), “Beautiful World” joyeux et entrainant, et, malgré son petit air à la “I Got A Feeling” des Black Eyed Peas, l’efficace “With These Two Hands”. Mentionnons cependant les surprenants, mais pas désagréables, tempos limites disco de “Picture Of You” et “What About Now”.

Un cocktail qui devrait perpétuer le succès du gang, avec une forte proportion de titres lents, mais d’autres auxquels il est probablement difficile de résister en live. Si la voix de Jon ne démérite pas, saluons le jeu d’orfèvre, rassurant et séduisant, de Richie Sambora. Bien entendu, Bon Jovi aujourd’hui c’est l’un des plus grands groupes de hard FM des années 80 qui vire au classique rock, voire pop rock, mais le job reste bien fait.