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Boston Manor – Datura

Chaque album de Boston Manor nous montre un échelon gravi par le groupe sur la scène rock alternative. Qu’en est-il avec ce court disque de sept titres ?

Un album composé par sept chansons est presque un EP, sans être un single, mais pas vraiment un disque complet non plus. Son statut étrange nous intrigue et nous pousse forcément à y prêter une oreille attentive. Après tout, Boston Manor est l’un des groupes à suivre depuis quelques années sur la scène anglaise. Donc il convient d’écouter attentivement ces sept petits morceaux.

Crépuscule

C’est le sens de ce mot, “Datura“. Dès le début nous sommes plongés dans la nuit comme sous-entendu par le titre de l’album. S’ouvrant sur la voix douce d’Henry Cox, le morceau nous plonge dans une atmosphère quasi-apocalyptique et sombre. S’ensuit “Floodlights On The Square”, renouant cette fois avec le son heavy des précédents albums du groupe. Avec une voix légèrement doucereuse et des guitares violentes, le mix est étrange et continue de nous instiller cette sensation de malaise diffus qui est la signature sonore de tout l’album. Comme si Boston Manor nous entraînait avec lui dans les ombres, dans le crépuscule.

“Passenger” prend un parti pris plus radical et revient aux bases du son : des chœurs envolés, chauds et euphorisants. On prend une bouffée d’air après les deux premiers titres angoissants, avant de devoir replonger sur “Foxglove”.

Anxiogène et désespéré, “Crocus” se distingue comme le point culminant de Datura et probablement sa chanson phare. Il incarne l’angoisse et l’obscurité du disque.

“Shelter From The Rain” est un intermède salvateur. Remplaçant les guitare par un son beaucoup plus doux et enveloppant, avec ses sons de pluie et de conversation se superposant, il fait naitre un sentiment de solitude nocturne. Étrange comme on s’imagine dans la rue, rentrant le soir, avec ces bruits périphériques rythmant nos vies. Boston Manor a su saisir ainsi la grande solitude existentielle de ceux vivants dans des villes où la lumière ne s’éteint jamais, où le bruit ne s’arrête pas, et où il y a tant de monde que l’on se sent d’autant plus isolé.

L’ensemble se termine avec “Inertia”, une belle chanson d’amour pour contraster l’obscurité déroulée sur les six titres précédents. C’est à la fois doux et puissant, les guitares apportant un rythme plus complexe et travaillé que sur les premiers titres. Après un instant de silence, un son de chant d’oiseaux se fait entendre. Presque comme si via ce petit bruit si guilleret, on comprenait que la nuit était passée et que l’aube était désormais sur le point de naître.

Avec cet album concept très particulier mais néanmoins riche de sens et de musique, Boston Manor se lance dans la cour des grands et se risque à un exercice périlleux. A voir si cet album se révèle d’autant plus s’il est suivi d’un autre album de sept titres, mais en tant qu’objet indépendant il est enthousiasmant.

Informations

Label : SharpTone Records
Date de sortie : 14/10/2022
Site web : www.bostonmanorband.com

Notre sélection

  • Inertia
  • Datura (dusk)
  • Passenger

Note RUL

 4/5

Laura Navarre
J'ai annoncé à mes parents à 16 ans que mon objectif professionnel était de produire la prochaine tournée de U2.