“Welcome To The Neighbourhood” (2018) n’était pas tant un tournant pour Boston Manor qu’un bouleversement complet. Ce qui était autrefois un groupe pop punk aux sonorités poignantes s’était métamorphosé en une bête féroce, drapée dans la morosité industrielle de Blackpool.
“Welcome To The Neighbourhood” a ouvert la voie aux Anglais, et avec “GLUE”, ils n’ont pas cherché à reproduire la direction dans laquelle ils étaient allés la dernière fois. Cette fois ci, ils arrivent sur un territoire inconnu.
Se jeter dans l’inconnu et sortir de sa zone de confort
L’évolution est immédiatement perceptible : “Everything Is Ordinary”, avec son ADN punk, profite d’une production dense. L’occasion de noter que les guitares sont plus lourdes, le mur de son plus fort. La basse est parfois un peu en retrait, ce qui est dommage.
C’est sans compromis, pied au plancher dès le départ. “1’s & 0’s” nous balance un taquet derrière la tête, empruntant le chemin punk déroulé par le premier titre.
“Plasticine Dreams” et son pop punk léger nous surprend après deux morceaux intenses. Mais cette pépite cache un fond bien plus travaillé qu’on le pense. Le nouveau single est une composition soul, tendre mais sinistre qui réfléchit à la nature souvent jetable du divertissement moderne. De quoi nous inciter à prendre le temps de savourer l’art, au lieu de l’oublier dès qu’on lui tourne le dos.
Maturité musicale et écrite
C’est là que l’on note la plus belle évolution du quintette : l’écriture. Le groupe décentre ici son discours, auparavant basé sur sa déception, son découragement et l’immobilisme de la ville de Blackpool. L’album s’étend, grandit, au rythme de la formation.
On voit plus loin que le bout de son nez. Un beau signe de maturité. Les thèmes exploités sont plus “généraux” et plus larges. L’humanité déshumanisée. “Ratking” et notre incapacité à faire preuve d’empathie les uns envers les autres. “Plasticine Dreams” avec son désir chronophage de reconnaissance. “Terrible Love” et la santé mentale chancelante. Les Britanniques prennent de la hauteur avec des thèmes les touchant de près, et les transcendent pour en faire des histoires universelles.
Et puis il y a Henry Cox pour tout lier ensemble, faisant naître l’équilibre entre la rage et le découragement dans sa voix qu’un disque comme celui-ci exige, mais élargissant sa gamme pour une représentation encore plus puissante qui culmine sur “Monolith”. Ultime claque.
“GLUE” est un album audacieux, franc et sans compromis. Cox espère qu’il soit un appel aux armes pour tous ceux qui l’écoutent. C’est également un appel au dialogue et à la remise en cause. Et vu l’environnement actuel dans lequel ce disque sort, tâchons d’y voir un signe de changement positif !
Informations
Label : Pure Noise Records
Date de sortie : 01/05/2020
Site web : bostonmanorband.com
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