Bot’Ox est un duo formé en 2005 par les français Julien Briffaz et Cosmo Vitelli. Le premier album, “Babylon By Car”, sort en 2010. Ça sent le soufre, la méthédrine, les guitares se dilatent au son de l’électro, un véritable petit bijou, diablement rock et savamment éclectique. Déjà reconnu : ils composent la bande son du film “Mineurs 27” de Tristan Aurouet, en 2011. Désormais, ils viennent hanter des discothèques éteintes avec un deuxième opus, “Sans Dormir”. Julien Briffaz et Cosmo Vitelli se sont rassemblés en se laissant aller à leurs idées fixes communes : un univers esthétique mécanique, marqué par la mythologie de l’automobile et la fragilité paradoxale de la carrosserie, et une vision de la musique obsessionnelle et mutante.
“Basement Love” démarre, sombre, cadavérique et lancinant. Le beat mollasson se fait distancer par un synthé hypnotique. La voix capiteuse enfonce encore plus l’auditeur dans son sofa, il n’en sortira qu’à la toute fin de l’essai. Allez savoir ce qu’ont fait Foremost Poets mais le titre est léché et l’émotion est au rendez-vous. Des rendez-vous, des collaborations, dans cet opus ils sont légion. La guitare funk interstellaire de Samy Osta s’enroule autour d’une voix qui semble ralentie, comme un 45 tour utilisé en vitesse 33. Sans interruption, “Another Form Of Fatigue” continue le voyage dans une autre galaxie, Judy Nylon vient poser sa voix suave sur des arrangements électroniques, se transformant en code binaire indescriptible et harmonieusement excentrique. Pour terminer ce triptyque, “Back From The Suburbs” viendra lancer ses pics minimaux aux airs de French touch, la redescente paranoïaque de drogue hallucinogène prise dans une soirée techno y est décrite avec une maitrise parfaite. Plus loin et avec l’appui de Mark Kerr, “Goodbye Fantasy” amorce la face clair de Bot’Ox en jouant sur le fil d’une pop scintillante et nébuleuse. La plénitude de Mark Kerr reviendra pointer le bout de son nez sur “Unfinished Business”. Cette fois, Bot’Ox explore un math rock expérimentale d’une douceur indescriptible. Pour se secouer un peu, “Grands Boulevards” excite et joue du surf rock, la basse pétarde tel un moteur fatigué tandis que la guitare file à toute allure, à l’instar d’une vieille Cadillac qui risque de se fracasser à tout moment sur Venice Beach. “Sans Dormir” clôturera admirablement l’album à coup d’effet reverb et d’instrument à vent ressemblant vaguement à une flûte mal embouchée.
Magistral, impressionnant, complexe et surtout indescriptible. Bot’Ox ne peut s’expliquer comme en terme de style musical, il cherche partout et nulle part l’inspiration. C’est une ode au meilleur et au pire de vos souvenirs (ou de vos rêves) de nuit blanche. Ça ne plaira pas à tout le monde loin de là, pour faire simple : les fans du festival Pitchfork y trouverons probablement leur compte, ceux des Vieilles Charrues peut-être pas. Un album à écouter toute la nuit “Sans Dormir”.
Informations
Label : I’m A Cliché / IDOL / La Baleine
Date de sortie : 06/11/2013
Site web : www.botoxmusic.com
Notre sélection
- Back From The Suburbs
- Another Form Of Fatigue feat. Judy Nylon
- Basement Love feat. Foremost Poets
Note RUL
4.5/5