Il arrive parfois de voir débarquer de ce qu’il semble être nulle part des artistes avec un éclair de génie. Comme s’ils avaient préparé dans l’ombre une arrivée triomphale avant de débarquer dans nos vies, leur premier album n’est pas forcément un succès commercial retentissant, mais il a tout pour l’être. Davey Newington, alias Boy Azooga, sort du lot avec un premier album intitulé “1, 2, Kung Fu!”. Cessons d’être intrigué par cette belle pochette, et voyons si le disque arrive à nous mettre K.O.
Produit à Cardiff, les premières mesures nous baignent directement dans l’influence de Brian Wilson et ses comparses. “Breakfast Epiphany” rayonne de par ses mélodies aériennes et recherchées, en cachant la complexité de composition. Arrivant au point nommé pour apporter de la fraîcheur à un été qui s’annonce tous les ans un peu plus chaud, on se laisse séduire très rapidement par la légèreté du ton employé. Les Beach Boys ne sont pas les seuls mentors dans l’air, on discerne un esprit curieux qui réussit à prendre ce qu’on lui apporte pour proposer quelque chose avec son caractère propre. Le jeune Gallois cultive la simplicité en revenant à la source même de notre engouement pour la musique. “I walk the street to the sound of a beat that I play on repeat ’cause it helps move my feet”.
“Loner Boogie” change la tendance pour nous faire décoller de notre fauteuil à la recherche d’un mur à défoncer avec le front. Un garage rock aussi efficace éclot rarement, mais laisse des traces indélébiles. Le riff étant le groove incarné, il n’est pas étrange de trouver un single aux sonorités modernes avec “Face Behind Her Cigarette” qui n’est pas sans nous interpeller. On ne peut pas mettre le doigt dessus, est-ce les gimmicks de Happy Mondays ou des Pink Floyd de la première heure ? Probablement les deux, on ne peut le savoir quand l’artiste en face de nous distille ses influences avant talent. Chaque morceau nous invite à découvrir un côté différent du projet, allant du doux “Jerry” à l’explosion final de “Sitting On The First Rock From The Sun”.
Le premier effort studio est une tâche compliquée, mais l’avantage demeure dans l’absence d’attente de la part du public à conquérir. Si c’est dans la poche, vous êtes attendu au tournant pour frapper encore plus fort. Si c’est un échec, on ne cessera de vous le rappeler jusqu’au moment où vous aurez séduit l’audience. Et qui sait, peut-être que cette déception sera un jour considérée comme un bon disque. Il n’est pas exagéré de considérer cet album comme un petit bijou. L’amour de la musique et le souci du détail transpirent, de la mélodie à l’imagerie du groupe. Les premiers essais de génie existent, et méritent d’en accueillir d’autres à leurs côtés.
“1, 2, Kung Fu!” est l’une des plus belles surprises de cette année. Tout ce que nous avons à souhaiter à Boy Azooga, c’est un grand nombre d’auditeurs, et une carrière à l’abri des influences de l’industrie musicale actuelle.
Informations
Label : PIAS
Date de sortie : 08/06/2018
Site web : heavenlyrecordings.com/artist/boy-azooga
Notre sélection
- Breakfast Epiphany
- Loner Boogie
- Jerry
Note RUL
4.5/5