Chroniques

Brisa Roché – Father

Éclectique dans l’âme, une jeune californienne décide il y a presque deux décennies d’arpenter les bars jazz de Paris. Non pas l’homonyme texan, mais la Cité des lumières elle-même. Les Français ayant un palais sûr, les oreilles sont également affutées en terme de bons goûts. De ses débuts sur le prestigieux label Blue Note en passant par la pop teintée de folk et par l’électro, Brisa Roché sait rester authentique et conquérir son public. Elle revient aujourd’hui en force avec son sixième album intitulé “Father”.

“48” ouvre le disque à la manière de Neil Young à l’époque de sa séparation de Crosby, Still, & Nash. Il a déjà vécu, et nourri d’un passé qui l’a déjà forgé, il est conscient que la route à parcourir ne fait que commencer. D’une manière similaire, Brisa raconte une histoire qui se perd dans le vent avant de parvenir à qui veut bien l’entendre. Mélangé à la voix, le son de la six cordes fait penser à une guitare usée ayant encore le son cristallin de sa sortie d’usine avec un quelque chose en plus. Le je ne sais quoi que peut acquérir un instrument ayant eu la chance de voir du pays et dont de nombreuses histoires ont été relaté grâce à lui.

L’aventure continue avec les compositions vocales de “Fuck My Love” dont l’ambiance et les percutions marquées confèrent un aura envoûtant à l’ensemble. L’ensemble demeure crépusculaire, des doux accords mélancoliques de “Cypress” aux légères envolées lyriques de “Black Mane”. Sa voix demeure son atout le plus désarmant, avec une écriture qui se bonifie au fil du temps. Cependant, le milieu du disque semble rester dans le rang pour ne pas jurer avec sa cohérence. Ce brin de folie manque jusqu’à la douzième piste “Trout Fishing Again”, enregistrement qui ne trouble pas l’ordre établi.

Pour citer le penseur Wayne Campbell : “Même Led Zep n’écrivaient pas des chansons universelles. Ils laissaient ça aux Bee Gees.” La chanteuse expérimente sur le terrain du folk minimaliste déjà foulé par nombres de ses pairs, offrant un répertoire personnel tout en essayant de toucher le plus grand nombre. Bien que monochrome, le résultat est abouti. Au delà de l’ombre d’un père ayant vécu pleinement sa vie sur les chemins de la perdition plane celle de John Parish. Grand collaborateur de PJ Harvey, mais aussi de Eels et de Tracy Chapman, le musicien produit le disque et fait partager sa passion et son savoir-faire pour aboutir à une performance de qualité.

“Father” est un merveilleux essai sublimé par les émotions présentes dans la voix de Brisa Roché. L’attente d’une prochaine fois est grande, en espérant faire parti d’un voyage aussi beau que ce dernier.

Informations

Label : BlackAsh / Wagram
Date de sortie : 25/05/2018
Site web : www.brisaroche.com

Notre sélection

  • 48
  • Fuck My Love
  • Black Mane

Note RUL

3/5

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