Bukowski – Hazardous Creatures

Parcourant les ondes heavy metal depuis 2007, les Bukowski donnent une succession à leur dernier album, “The Midnight Sons”, sorti en 2011, avec un troisième opus. C’est ainsi que le dénommé “Hazardous Creatures” marque un nouveau tournant pour le groupe, qui accueille dans sa formation un second guitariste, Fred Duquesne, ainsi qu’un nouveau batteur live, Thibault Morin. Des compositions incisives, riches et mélodiques qui s’enchainent dans une totale cohérence, le tout orné de riffs ravageurs et de refrains entêtants, les parisiens promettent de nous faire vibrer en concert.

L’énergie débordante du désormais quatuor, entraîne l’auditeur dès l’ouverture de l’album dans la puissance du heavy metal. Avec “Keep Your Head On”, c’est un déluge de notes aux couleurs rock n’roll à la AC/DC et Guns N’ Roses, qui place le titre comme la clef de l’ensemble. Les clins d’oeil sont nombreux à l’image d’un petit “fuck off” glissé discrétement, digne d’un Robert Plant en plein “Communication Breakdown”. Par la suite, “Shoot First” se donne dans toute sa brutalité. Le morceau a un ressenti nerveux avec l’agressivité vocale de Mathieu Dotel qui n’hésite pas à flirter avec le scream. Son tempo rapide et saccadé allié aux descentes d’accords qui se font en cascade enflamment et tout cela atteint son apothéose avec un solo de guitare classique mais pas moins efficace, accompagné d’une petite touche à la Chuck Berry. Toutefois, les quatre baroudeurs sont également capables de faire dans la délicatesse ou tout du moins dans la sensibilité. “Hardtimes” enmène dans un univers complètement mélodramatique, mettant en avant la voix et alternant entre phases fortes et calmes; un morceau complice où la basse ronfle en parfaite symbiose avec la charleston de la batterie pour mieux s’évanouir dans un accord dissonant au caractère tragique. Mais aussi à travers l’émotion de “Brothers Forever” qui, avec son ambiance sombre et mélancolique, agrémentée d’un refrain digne d’un hymne rempli d’espoir, s’échoue dans un soupir final au travers d’une réverbération qui se propage dans l’espace. La hargne de Bukowski réapparait et se fait sentir sur l’éponyme “Hazardous Creatures”, et “Fever” qui nous emmène, avec un chant mélodieux privilégiant un aspect lyrique, dans les sombres ténèbres exprimées par la ligne de basse, les lourds riffs et l’aspect minimaliste de la batterie. L’opus, au delà de nous envoyer une vague d’agressivité et de vigueur, comme l’hypnotique “Payback”, trouve ses bouffées d’air dans des morceaux tels “The Maze”, changeant de direction et s’offrant quelques libertés pop au niveau de l’arrangement, avec une voix plus intimiste, le tout dans une douce énergie. Ainsi que “By The River”, où le groupe propage d’entraînantes mélodies chantées, dont la structure se construit autour de nombreux breaks, qui renforcent le chant et le mettent à la tête de la fougue instrumentale du titre. L’opus prend fin ici, laissant les fans sur un break majestueux à la batterie et un cri final déchirant. Sans aucun doute, la personnalité sonore des Bukowski vit dans cet effort, au travers de leurs riffs power rock, leur émotion authentique et leur indomptable hargne.

Ce n’est pas parce qu’ils chantent en anglais et ont eu un succès international avec “Amazing Grace” en 2009, que les Bukowski en oublient leur patrie, assurant plusieurs dates en France et soutenant le drapeau tricolore jusqu’à l’artwork de leur pochette. Alliant agressivité et majesté mélodique, “Hazardous Creatures” envoie à nouveau l’énergie décoiffante des français, considérablement renforcés par l’arrivée d’un quatrième membre dans le groupe, les propulsant dans une bonne direction, plus complexe et recherchée.