Butcher Babies – Lilith

Pas facile de percer quand les critiques s’arrêtent sur la plastique de vos membres plutôt que sur la qualité de vos compositions. Mais Butcher Babies tient bon et continue à tracer sa route. Après “Goliath” (2013) et “Take It Like A Man” (2015), le quintette de Los Angeles emmené par ses deux vocalistes survoltées, Heidi Shepherd et Carla Harvey, revient avec un troisième album nommé “Lilith”. Ce nouvel opus arrivera t-il à enfin mettre en lumière toutes les qualités musicales du groupe ?

Adepte de metal pur et dur aux multiples facettes allant du groove au metalcore, les Américains n’ont pas changé de recette pour cette réalisation. Les premières notes de “Burn The Straw Man” cognent sévèrement et font de ce morceau d’ouverture un titre extrêmement rentre dedans, idéal pour se mettre dans le bain.

“#iwokeuplikethis”, “POMONA (Shit Happens)” ou encore “Underground And Overrated” restent dans la même veine et dévastent nos oreilles. Le growl des deux chanteuses est d’une violence rare et s’ajoute avec brio sur les rythmiques déchainées menées par la guitare de Henry Flury et la batterie de Chase Brickenden. Tout amateur de headbanging y trouvera son compte car difficile de résister à la déferlante de riffs assassins composant l’ensemble.

Résumer “Lilith” à une succession de morceaux violents et entraînants seraient une erreur, les Californiens démontrent un réel savoir faire en matière de compositions. Le quintette sait jouer sur la palette vocale de ses deux vocalistes en mêlant passage calme et plus agité, méthode parfaite pour créer des atmosphères riches et mystérieuses. “The Huntsman” avec son arpège douce et la voix claire en ouverture, contrebalance avec la frénésie qui se dégage ensuite dans le morceau. Même recette sur “Oceana” où la complicité vocale des deux frontwomen est à souligner tant elle est utilisée avec justesse. La piste éponyme va dans le même sens, la paire Shepherd/Harvey créant un univers inquiétant du plus bel effet.

Histoire de rajouter encore un peu plus de richesse à cette réalisation, Butcher Babies ajoute des tempos ralentis toujours avec efficience. “Headspin” résume cette volonté de diversifier le propos en invitant l’auditeur dans une atmosphère moins agitée sans pour autant perdre en qualité.

“Lilith” est un disque tellement riche et bien produit qu’il devrait enfin faire comprendre aux réticents que Butcher Babies ne se résume pas au charisme et l’attitude sexy de ses deux vocalistes. Heidi Shepherd, Carla Harvey et leurs musiciens délivrent une réalisation parfaitement orchestrée et rappellent que leurs notoriétés n’est que le fruit d’un travail sérieux.