Casey – How To Disappear

Après un hiatus douloureux pour les fans, Casey revient avec un troisième album au nom évocateur, How To Disappear. Alignez vos yeux avec vos oreilles : ce retour musical des Gallois est aussi inattendu que fracassant.

Disparaître…

Absents mais jamais vraiment oubliés. Voilà comment on pourrait résumer les six années de silence de Casey, formation de post hardcore mélodique. Ce troisième disque marque l’apogée d’un retour entamé en décembre 2022 avec les singles “Great Grief” et “Atone”. Entre-temps, les Gallois n’ont pas chômé et ont également repris le chemin de la scène. Puis ceux des studios pour enregistrer les douze nouveaux brûlots qui constituent How To Disappear. Mais c’est depuis septembre, et à raison d’un single dévoilé par mois, que le groupe a décidé d’orchestrer son vrai retour. Si “Puncture Wounds To Heaven” donnait à entendre du Casey pur jus, la chanson titre “How To Disappear” dévoilait une musique plus aérienne, nuancée et sophistiquée qu’auparavant. Ces années de pause n’auront pas été vaines. Elles semblent au contraire avoir apporté apaisement et maturité au quintette ainsi qu’à son chanteur.

Pour mieux renaître…

Dès “Unique Lights” qui inaugure l’ensemble, on comprend que Casey a considérablement élargi son spectre musical. Les grosses guitares post hardcore ont fait la part belle aux arpèges planants. La rage et les douleurs passées ont laissé place à une douce mélancolie, aux confins du post rock et du shoegaze. Auparavant torturée et plaintive, la voix de Tom Weaver est désormais imprégnée d’une émotion et d’une résilience qui entre en cohérence avec ce nouveau cheminement musical. Se refusant quelques respirations qui auraient été bénéfiques, le chant quasi omniprésent reste le médium principal des préoccupations du groupe. Si les thèmes qui sont chers à Casey sont toujours traités, ces derniers sont désormais marqués par les sceaux de la maturité et de la spiritualité (“Selah”, “St Peter”). Selah signifie d’ailleurs “pause” ou “réflexion” en hébreu et figure souvent dans les psaumes bibliques.

…Plus fort que jamais !

Si l’album est une réussite, c’est bien parce que Casey a eu l’intelligence de ne pas se départir totalement de son identité musicale. Dans un style plus direct avec cette alternance caractéristique voix claire/hurlée, le single “Bite Through My Tongue” avait mis tout le monde d’accord. Mais on le sait, les Gallois se moquent ouvertement des étiquettes et jouent dans une autre cour. Celle de réussir à créer des climax intenses encore imprégnés de l’urgence dans laquelle ils semblent avoir émergé. On pense, pour ne citer que lui, au final de “Puncture Wounds To Heaven”. Ni trop hardcore, ni pas assez, ni dans le pathos mais certainement pas dans la retenue, Casey fait le choix de ne pas choisir. Et celui, plus respectable encore, d’incarner avec humilité la musique qu’il souhaite faire aujourd’hui. Il y a fort à parier que l’écriture du disque a été salutaire pour la formation. Et que son écoute devrait l’être tout autant pour les fans prêts à embrasser ce renouveau musical.

Entre hier et d’aujourd’hui

Moins dense que ses prédécesseurs, How To Disappear est une fresque musicale et initiatique soignée de bout en bout. Ce nouvel album, loin de renier l’histoire du groupe, conjugue habilement les ingrédients du passé aux aspirations plus actuelles. Ouvrez vos oreilles plus que vos yeux car Casey fait toujours du Casey, et peut-être même plus que jamais. Et aux plus sceptiques qui ne croient que ce qu’ils voient : rendez-vous le 9 avril 2024 au Petit Bain, à Paris, pour une démonstration en live.