Charlie Winston fait partie de ces artistes à la personnalité solaire, dont le travail sonne tout aussi réconfortant qu’émouvant aux oreilles de l”auditeur. Des morceaux embaumants et radieux au premier abord, qui ne se délectent pourtant jamais de leur forte identité introspective, parfois même engagée. Trois ans après “Curio City”, le Britannique revient sur le devant de la scène avec un quatrième album, intitulé “Square 1” (littéralement “Case Départ”). Retour sur un disque aussi touchant que ses prédécesseurs.
“Spiral” a la tâche d’ouvrir ce nouvel effort de sa mélodie acoustique presque théâtrale, ponctuée de chœurs entêtés et d’une masse instrumentale de plus en plus oppressante, illustrant parfaitement le caractère tourbillonnant du titre. Si cette introduction dense laisse présager un album plus pompeux mélodiquement, la piste suivante éclipsera tout soupçon en restaurant les sonorités organiques fidèles à la griffe du musicien. Porté par la sobriété d’un combo cordes-percussions tout en retenue et d’une voix toujours sur le fil, “Here I Am” s’inscrit comme un morceau entrainant, à la thématique pourtant lourde des problèmes scolaires et plus généralement, des notions d’échec et de réussite.
De fait, “Square 1” est un disque rythmé par la dualité : si un sentiment agréable se dégage dès la première écoute, principalement par les mélodies tempérées et chaleureuses mettant l’auditeur en confiance, le noyau de l’ensemble n’est malgré tout pas aussi léger qu’il n’y paraît. En l’occurrence, les sonorités acoustiques entrainantes et joyeuses sont mêlées à des paroles très personnelles, tantôt empruntes de tristesse, tantôt prônant l’espoir.
Pour cause, si le premier single “The Weekend” est un hymne pop acoustique dansant emprunt de légèreté, véritable ode au lâcher prise, “Losing Touch” fait repencher la balance du côté de la mélancolie et de l’inquiétude. Par ses cordes consciencieusement pincées et ses percussions étouffées, la mélodie illustre musicalement la sensibilité d’un texte qui, à l’image du reste de l’album, peut être interprété aussi bien d’un angle intime (l’éloignement, la séparation entre deux êtres) que universel et politique (le Brexit, la crise migratoire et le repli sur soi). De même pour l’enthousiaste “Feeling Stop” au refrain frétillant, contrebalancée quelques chansons plus tard par la sublimissime “Airport”, dont la délicatesse s’exprime aussi bien au travers des timides notes de piano que de la diction à fleur de peau du Britannique, jouant une fois de plus sur les pluralités d’interprétation.
Si l’humeur change au gré des titres, elle n’est pourtant pas synonyme de désordre. “Square 1” s’impose de fait comme un disque complet et cohérent, habité par une forte dose d’émotions et de sincérité. Avec ses onze pistes, Charlie Winston affirme une fois de plus une identité musicale pop folk aussi éclatante que perturbée. L’Anglais reste alors dans son registre, mais le fait avec fraicheur, harmonie et profondeur.
Ce quatrième effort ferait presque office de bilan : on semble y retrouver un homme désireux d’accepter sa vulnérabilité, prenant le temps de comprendre son passé mais aussi l’environnement actuel dans lequel il s’inscrit, conjuguant alors renouveau personnel et regard soucieux sur le monde. Sur ce constat, “Get Up Stronger” vient alors conclure un album ayant commencé dans l’incertitude et le tourment par un message d’espoir et de guérison, les paroles cicatrisantes du Britannique venant réconforter l’auditeur.
Avec “Square 1”, pas de virage à 180°, mais un album dans la continuité de l’univers qu’on lui connaît : authenticité, émotion et partage animent le quatrième opus d’un artiste à la voix aussi chaleureuse que fragile, toujours fidèle à sa folk acoustique néanmoins ornée par de nouvelles sonorités harmonieuses, dont certains instruments emblématiques du continent africain. Un album reflétant le meilleur de Charlie Winston.
Informations
Label : BMG
Date de sortie : 28/09/2018
Site web : www.charliewinston.com
Notre sélection
- Airport
- Here I Am
- Losing Touch
Note RUL
4/5