Checkmate – Immanence

Après un premier EP, “D’Or et d’Acier”, prometteur sorti en 2009, Checkmate a choisi de prendre son temps et de troquer la langue de Molière avec celle de Shakespeare, pour sortir ce fameux premier album baptisé “Immanence”.

Que l’attente fût longue depuis leur dernier EP ! Une attente à la fois frustrante pour les amateurs de metal français mais ô combien bienfaisante pour le combo parisien. Les Checkmate se sont appliqués, ont pris le temps de bien faire les choses pour faire en sorte que la mise au monde de ce joli bébé de dix titres se fasse dans les meilleures conditions et voit le jour chez un beau label qui n’est autre que Klonosphere (Hacride, Klone, Magoa). Et comme à leur habitude, les cinq parisiens ont le don de démarrer leur skeud de manière assez radicale… mais là, le niveau est nettement plus élevé. “Days Slip By” commence crescendo par une attaque frontale et groovy appuyée par un moshpart fracassant et un final décoiffant. Checkmate ne rigole pas et saute le pas pour mieux surprendre l’auditeur. Depuis 2009, la formation prend de la bouteille en tournant sur la scène hexagonale, européenne… et américaine, s’inspire de nombreux groupes reconnus et underground, tout style confondu. Tout en gardant sa patte, Checkmate a taillé sa musique tel un diamant brut. “Invictus” en est l’exemple parfait par son approche mélodique, sa rythmique fracassante et son ambiance remplie de sincerité. “Fragments” suit aussi cette voie dans un style entierement instrumental, à la fois inspiré et ambiancé. Mais la vélocité du combo n’a pourtant pas été mise de coté, “Fake Golden Kingdom”, aussi barrée qu’efficace, donne un visage plus hardcore au quintette tandis que “Blank Page” en impose par son ambiance sombre et mélancolique très métallique. Checkmate a su également créer un univers en l’espace de deux morceaux : la fragile et mystérieuse “Moving Backwards…” et la redoutable “…Despite The Years” qui n’est pas sans rappeler une certaine formation anglaise (Bring Me The Horizon ?) en plus sobre et mélodique. Des morceaux plus groovy trouvent aussi leur place dans cette galette comme “I.M.A” par ses riffs plus rock n’roll ou encore “A Maze” et son ambiance plus progressive voir tribale, emmenée par des redoutables riffs dont Fabien et Franklin ont le secret. Mais Checkmate atteint son apogée sur l’ultime morceau en mode rouleau-compresseur, un condensé de violence et de chaos de plus de cinq minutes nommé “By Any Means Necessary”, qui démontre que le combo parisien en a dans le pantalon et qu’il n’est pas à prendre à la légère.

Solidement enregistré et mixé par Guyom Pavesi (The Prestige, Devianz) -sans oublier Lucas d’Angelo (Betraying The Martyrs) pour les guitares- et masterisé par l’incontournable Alan Douches (Whitechapel, Mastodon), “Immanence” se veut mature, nuancé et spontané avec des morceaux variés et solides. Checkmate a réussi à trouver le parfait équilibre entre violence et mélodies avec cette passion et cette sincerité qui leur est propre. Et cela ne fait que commencer !