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Childish Gambino – Bando Stone And The New World

Eh bien, ça y est. Après avoir longtemps évoqué la fin de carrière de son pseudonyme, l’heure est enfin arrivée. Donald Glover, alias Childish Gambino, sort son dernier album sous ce nom. Un disque pour les fans, qui se pose comme un melting-pot sonore de ses différents projets.

Who the fuck is Bando Stone?

Avant même de parler de l’album, il y a, comme souvent avec Childish Gambino, quelques éléments de contexte à donner. Cette dernière sortie est censée être la bande-son du film du même nom, dans lequel il tient le rôle principal. C’est lui l’éponyme “Bando Stone“, un célèbre chanteur venu se retirer sur une île hawaïenne pour composer un dernier album, mais qui retrouve le monde en proie à une apocalypse inexpliquée.

Les similarités avec la vraie vie ne vous auront pas échappé. Ce contexte explique pourquoi il y a, à plusieurs reprises en début ou en fin de morceau, des extraits de dialogues qui pourraient sembler sans queue ni tête (“Oh my god!” / “What?” / “They don’t have a bidet!” / “Are you fucking serious?” pour n’en citer qu’un).

Comment cet album se dévoile-t-il dans le contexte du film ? Pour l’instant, personne, à part les proches du projet, ne le sait. Aucune date de sortie n’a été communiquée et les informations à son sujet se sont faites contradictoires. Il s’agirait tantôt d’un long-métrage d’une heure et demie, tantôt d’un court-métrage d’une cinquantaine de minutes. Le mystère est tel que beaucoup de fans doutent de l’existence de ce film qui, selon eux, ne sortira jamais. Il y a pourtant bien une bande-annonce. Une chose est sûre en tout cas : l’album Bando Stone And The New World est bien réel.

Patchwork de genres

Bando Stone And The New World offre un bon condensé de ce qu’est et a été la carrière de Childish Gambino. On y retrouve du rap, avec des vers acérés, qui rappellent ses premières mixtapes ou l’album Camp (2011), des morceaux plus pop évoquant l’EP Kauai (2014) et les albums venus après, ainsi que des sections plus funk et soul, à l’image de Awaken, My Love! (2016).

Le patchwork tissé par autant de genres ne s’arrête pas là. On y retrouve également des morceaux aux sonorités inédites pour l’artiste. “Lithonia” – l’un des meilleurs titres de l’ensemble – se dirige presque vers l’alt rock avec son couplet tout en guitare hurlante ainsi que son pont anthémique. “Running Around” et “Real Love” n’auraient, quant à eux, pas détoné dans des compilations pop rock des années 2000.

On pourrait lister tous les morceaux du disque de la même manière, tant chacun est différent du précédent. Quand “Can You Feel Me” est une adorable chanson co-écrite avec Legend, son fils de huit ans, la suivante “No Excuses” est un trip funk et jazzy qui se termine par un solo de saxophone signé Kamasi Washington.

Pas de cohérence ? Pas de problème

Le principal défaut que cette variété dévoile est que, effectivement, Bando Stone And The New World manque de cohérence. Le seul fil conducteur, finalement, est représenté par les différents dialogues du film disséminés dans les morceaux. Peut-être que le film, s’il sort, apportera un peu plus de contexte à l’ensemble.

Néanmoins, cela n’empêche pas l’album de briller, bien au contraire. C’est bien simple : à part de rares exceptions où les morceaux sont moyens au pire, il n’y a rien à jeter. Quoique certain.e.s pourront être repoussé.e.s par la voix stridente d’Amaarae.

Les productions sont immaculées, à l’image de l’incroyable “Cruisin'”, avec ses envolées de cordes magnifiques, sa mélodie vocale et son interprétation captivante. Sans parler du morceau final, à plusieurs égards, “A Place Where Love Goes”, qui met fin de la meilleure des façons à Childish Gambino.

N’ayons pas peur des mots. Bando Stone And The New World est l’un des meilleurs albums de cette année. Le manque de cohérence du disque est immédiatement compensé par la qualité des productions et l’implication de Glover dans son rap et son chant. L’ensemble s’offre même le tour de force de réussir à renvoyer le même sentiment de nostalgie que Camp ou Because The Internet (2013). On ne pouvait sûrement pas faire mieux pour un projet final, qui se hisse déjà dans le haut du panier de sa discographie. Childish Gambino est mort (?), longue vie à Donald Glover.

Informations

Label : RCA Records
Date de sortie : 19/07/2024
Site web : www.childishgambino.com

Notre sélection

  • Cruisin’
  • A Place Where Love Goes
  • Lithonia

Note RUL

 4,5/5

Ecouter l’album

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Corentin Vilsalmon
J'aime la musique, j'aime écrire, pourquoi ne pas allier les deux ?