Church Of Void – Church Of Void

Suivant une assiduité digne de Woody Allen, le quintette finlandais Church Of Void nous délivre des efforts studios chaque année depuis 2012. Après plusieurs EP et maintes collaborations, ce deuxième album éponyme débarque dans les bacs à la rentrée pour nous faire réviser nos connaissances en matière de doom metal.

“Prelude” nous catapulte dans l’ambiance en l’espace d’une minute et demie. Réverbération et chœurs angoissants à l’appui, nous entrons dans l’église du vide pour une célébration de quarante minutes divisée en sept pistes. “Passing The Watchtower” entame les festivités en mettant en avant l’atmosphère héritée de Black Sabbath et Iron Maiden. Jyri Vahvanen, guitariste de Battlelore, conjugue bon nombre de styles à la six cordes au service de l’univers mixant les écrits de Tolkien et les textes de Lovecraft. Atmosphère caverneuse et chants pesants ponctués d’envolées lyriques, la section rythmique emprunte également au stoner de Palm Spring Desert, remplaçant la marijuana californienne par l’herbe à pipe de la Comté.

Le groupe travaille et affirme son style depuis plus de cinq ans, menant à de véritables morceaux de bravoure. “Lovecraft”, véritable apothéose, surprend sur plusieurs niveaux. Mélodie qui pénètre l’esprit à l’appui, le titre hommage à l’auteur tire le meilleur de ses origines pour nous balader à travers un univers de riffs teintés de fuzz et de ponts cristallins rappelant les premières heures glorieuses de Metallica, à l’instar de “World Eater”. Hymne nihiliste au parfum d’apocalypse, la chanson conclut ce disque sur une note doom stoner simple et efficace, composée d’un final propre aux sonorités du regretté Cliff Burton. Mais à l’inverse de leurs aînés, le résultat est plutôt sage.

Un son plus percutant manque à la production, ce qui à tendance à souligner l’inégalité des compositions et renforcer l’utilisation des codes du genre nous faisant par moment oublier l’audace des musiciens. L’ensemble a besoin d’être poussé jusqu’à onze et de ne pas s’imposer de limites. Le genre fantasy est abordé depuis des décennies, mais il est toujours possible d’en tirer le meilleur si on décide d’y ancrer son univers musical. La qualité des morceaux constitue un crescendo marquant la construction en concept album gardant le meilleur pour la fin, piège qui peut faire perdre quelques auditeurs dont la patience ne fait pas partie de leurs vertus. Pour les plus courageux, ils seront récompensés par l’écoute de ces artistes qui donnent une très bonne prestation non dépourvue d’originalité.

Church Of Void donne naissance au digne héritier de “Dead Rising” (2013), album sincère qui ne présage que du positif pour l’avenir de nos cinq amis finlandais. Le doom metal du Grand Nord se révèle pertinent, et une telle ferveur mérite d’être récompensée en y jetant deux oreilles attentives.