Chvrches – Every Open Eye

Voilà maintenant deux ans que les Ecossais de Chvrches ont explosé à la face du monde avec leur premier album, “The Bones Of What You Believe”, encensé par les critiques et leur permettant de jouer, entre autres, à Rock En Seine en 2013, puis au Pitchfork Music Festival de Paris en 2014. Qu’en est-il de cette deuxième offrande, celle qui viendra confirmer ou infirmer le talent du groupe ?

Sans réelle surprise, Chvrches surfe sur ce qui a fait son succès, c’est-à-dire une synthpop ou électro pop simple mais accrocheuse, dynamique et radieuse. Ce “Every Open Eye” débute par le premier single “Never Ending Circles”, tube ultra accrocheur et dont l’ambiance sucrée et colorée donne immédiatement une irrépressible envie de bouger. La conviction et l’assurance ont pris le pas sur l’innocence du premier effort, notamment sur des titres qui, malgré leur simplicité évidente (“Playing Dead”), font tout de suite mouche et ce, notamment grâce à la voix sublime de Lauren Mayberry. Seulement, à trop vouloir miser sur les arrangements électroniques, Chvrches finit par tomber dans le propre piège de l’abus d’une recette qui lui a pourtant valu le succès de “The Bones Of What You Believe”. En effet, des morceaux comme “Clearest Blue” ou “Bury It” proposent une quantité d’arrangements électroniques qui, une fois leur côté addictif et dansant digérés, finissent par lasser. On touche ici au point noir de cette nouvelle galette : user à outrance d’une formule qu’il faut savoir utiliser avec parcimonie est un jeu dangereux.

Heureusement, quelques surprises ici et là viennent sauver Chvrches de la redite totale, à commencer par la piste centrale de l’ensemble, “High Enough To Carry You Over”, où Martin Doherty pose un chant masculin de très bonne facture. Enfin, sur la clôture “Afterglow”, Chvrches s’essaie à l’exercice compliqué de la ballade où la voix de Lauren Mayberry, au sommet de sa sensibilité, semble se déployer lentement aux premières aurores. Déjà sur “Down Side Of Me” – aux accents chillwave -, le tempo avait ralenti au profit d’une atmosphère plus touchante. Les Ecossais semblent avoir trouvé un nouveau terrain de jeu sur lequel ils peuvent s’aventurer, sans crainte et avec une sensibilité remarquable qu’il saurait dommage d’abandonner sur les prochaines productions. Une ébauche – celle d’un potentiel vent de fraîcheur sur la musique de Chvrches – qui donne de l’espoir pour la suite, donc.

Si d’apparence, les chansons de ce “Every Open Eye” semblent toutes construites sur le même modèle (et, la plupart de temps, force est de constater qu’elles le sont), il serait dommage d’ignorer que ce nouveau disque déverse dans un spectre d’émotions, au final, assez large. La démarche doit encore s’accentuer surtout puisque la formation joue maintenant au sein d’une scène où la concurrence devient chaque jour plus sérieuse (le dernier Purity Ring en est un excellent exemple). Mais ne boudons pas notre plaisir, Chvrches fait du Chvrches et il le fait mieux que jamais. A nous, auditeurs, de faire un pas en avant le 10 novembre prochain au Trianon de Paris – une salle avec laquelle le groupe a déjà pu se familiariser – pour vérifier comment Chvrches envisage ses concerts.