Circa Survive – The Amulet

Dieu qu’il s’en passe des choses en seulement trois ans. Depuis la sortie de “Descensus” (2014), Circa Survive a, entre autre, fait une tournée européenne avec le deuxième passage de sa carrière à Paris, fêté les dix ans de son deuxième album “On Letting Go” avec une gigantesque tournée US et donc, enregistré “The Amulet”. Anthony Green est parti lui reformer Saosin pour un album en demi-teinte. On ne peut pas vraiment dire que le groupe a pris le temps de se poser pour ce nouvel opus. On pouvait donc s’attendre à un disque dans la lignée de “Descensus” avec une pointe d’agressivité pas vraiment dissimulée. Qu’en est-il ? Et si on se trompait complètement ?

L’ensemble s’ouvre avec “Lustration”, qui est également le premier single, et le moins que l’on puisse dire est que cette chanson est une réussite. On retrouve les harmonies soyeuses chères à la formation, une atmosphère colorée mais mélancolique et aussi, une urgence particulièrement réjouissante. Musicalement, le groupe adopte un tempo soutenu tandis qu’Anthony Green tempère le tout avec sa voix si caractéristique. Et lorsque l’on se rend compte, bien que la surprise ne soit pas au rendez-vous, qu’on est entré très facilement dans cet opus, la sortie va se produire progressivement.

Une bonne mélodie a beau être de qualité, lorsqu’elle dure quarante-deux minutes, s’étalant sur dix chansons, ça devient vite redondant. C’est le sentiment dont on hérite à la fin de l’écoute de “The Amulet”. Notamment lorsque l’on se concentre sur le chant d’Anthony Green. Si le talent du charismatique chanteur n’est plus à prouver, le fait est que sa contribution à ce nouvel album est emprunte de fainéantise. Green peine à se renouveler sur les titres et propose souvent la même ambiance, tandis que son groupe essaie pourtant de varier le propos. Que ce soit sur “Premonition Of The Hex” ou “Tunnel Vision”, les sonorités changent mais le chant ne bouge pas. La désagréable impression que Green a enregistré toutes ses lignes de chant d’une traite, sans vraiment se creuser le syphon à se renouveler sur chaque morceau.

C’est mathématique, plus un groupe va produire d’album, plus le risque de se rater va grandir. Alors non, “The Amulet” n’est pas catastrophique, mais face à un quintette qui a su, durant les treize années de sa carrière, innover tout en gardant une image de marque identifiable entre mille, on ne peut s’empêcher d’être déçus par ce nouvel album. Esperons que nous aurons l’opportunité de découvrir ces nouvelles chansons en live dans nos contrées, même si pour le coup, on va surtout voyager dans le temps et dans la discographie de Circa Surive plutôt que s’attarder très longtemps sur “The Amulet”.