Circa Waves – Death And Love, Pt. 1

“J’avais besoin de ce disque pour digérer ce que j’avais traversé“. Seulement deux ans après le sympathique Never Going Under, les cracks de Circa Waves reviennent avec un nouvel album, Death & Love, Pt.1. Ce titre fait référence à l’expérience de mort imminente vécue par son chanteur, qui a abouti à ce nouveau diptyque. Un exercice qui rappellera des souvenirs aux fans du double album Sad/Happy (2020), d’où sont sortis quelques-unes des meilleures chansons des Britanniques. Cette nouvelle mouture nous réserve-t-elle le même destin ?

Toujours aussi anthémique

Comme nous l’écrivions déjà dans notre chronique de son dernier disque, Circa Waves fait partie de ces groupes inexplicablement sous-cotés. Pourtant, le top 10 de ses meilleures chansons a de quoi rendre envieux 90% de la scène rock actuelle. En dehors du tube “T-Shirt Weather”, on retrouve notamment des banger comme “Call Your Name”, “Wake Up” ou encore “Sad Happy”, qui ont leur place dans toute playlist digne de ce nom. Autant d’hymnes que cet album devrait encore l’alimenter.

Si vous ne connaissez pas ce groupe, “Like You Did Before” en est la parfaite synthèse. Prenez une batterie très dynamique, des riffs ravageurs et saupoudrez tout ça de la voix nasillarde de Kieran Shudall. Ensuite, venez faire un tour du côté de “Le Bateau”, faisant référence à un club indie de Liverpool. Les envolées de guitares sont ici remplacées par un jeu étouffé et nerveux du meilleur effet, qui vous donnera instantanément envie de battre la mesure.

Une charge émotionnelle naturellement présente

Non content de vous donner envie de battre du pied, le quatuor est également capable de le lever pour évoquer des sentiments plus contrastés. Comme évoqué plus haut, Kieran a connu il y a quelques mois de gros problèmes de santé, qui l’ont amené à se faire opérer du cœur en urgence. Cette période d’incertitude l’a poussé à retranscrire son état d’esprit durant cette épreuve sur la douce “Blue Damselfly” (“Si je dois partir et je suppose que j’irai, je laisserai le soleil derrière toi/ Tu es tellement forte, je sais que tu t’en sortiras, ma demoiselle bleue“). Un contexte qui renforce le côté poignant de cette ballade, s’inscrivant dans la grande tradition de la pop anglaise.

Ce titre constitue une superbe rampe de lancement pour la meilleure composition de l’ensemble “Everything Changed”. Ce titre doux-amer est le symbole de la profondeur acquise par un groupe initialement axé sur la power pop. Un moment qui aurait constitué un excellent choix de clôture, en lieu et place de “Bad Guys Always Win”, qui se rapproche justement plus de sa première livraison, Young Chasers (2015).

Light Like Love

Après ses déboires, Kieran semble déterminé à tourner la page, faisant preuve d’un optimisme qu’on ne lui connaissait pas. Un parti pris affiché dans le choix du premier single, “We Made It”, qui sonne comme un manifeste à aller de l’avant (“Mais oui nous l’avons fait. Chaque ligne d’argent était une mine d’or, alors que le soleil déclinait“). Sur “Let’s Leave Together”, le groupe va même jusqu’à insérer des sifflements, conférant à ce morceau un côté bubble-gum contrastant avec les doutes parsemant sa discographie.

Attention toutefois à ce que cette légèreté ne s’apparente pas à un manque de profondeur. Si l’on pardonne le côté assez anachronique de l’idée que “tout ira mieux en Amérique”, développée sur “American Dream”, on sera moins indulgent avec sa structure. Le groupe nous livre ici un morceau plaisant mais par ailleurs assez oubliable, à l’instar de la conclusion “Bad Guys Always Win”, qui nous laisse sur un sentiment de déjà-vu. Fun fact : l’intro de “Hold It Steady” rappelle étonnamment “Stay” de Kid Laroi. Cette chanson est en tout cas un bel hommage au soutien de sa compagne pendant les jours sombres. Un message de l’amour après la tempête, entrant donc en résonance avec le titre de cet album…

Si Death & Love, Pt.1 n’a pas vocation à bouleverser le son de Circa Waves, il contribue cependant à l’enrichir. Il faut avouer que sa recette anthémique fonctionne toujours très bien, et devrait agrémenter les concerts par quelques compositions émotionnellement plus intenses. Une réussite de plus à son actif, qui ne demande qu’à être découverte en live le 12 mars prochain au Trabendo.