Corey Taylor – CMF2

Prenant la suite directe de CMFT sorti en 2020, le second album solo de Corey Taylor ambitionne de positionner le frontman de Slipknot et de Stone Sour comme un chanteur à part entière de l’industrie du rock. Corey Taylor prend ici une place qui lui était destinée : celle d’un artiste libéré des limites de ses deux autres projets de groupe, pour s’assumer comme un pilier du rock indépendant.

Là où CMFT apparaissait comme un galop d’essai pour Corey Taylor, un terrain d’expérimentation loin des contraintes de ses autres projets musicaux, CMF2 assoit la démarche de l’artiste. Plus sûr de lui, en terrain conquis, l’Américain se lâche encore plus.

Corey Mother F*cking Taylor

Prenons pour exemple les premiers titres du nouveau disque, qui peuvent désarçonner à la première écoute. L’introduction acoustique avec “The Box” est une vraie surprise, suivie par le hard rock féroce de “Post Traumatic Blues”, les riffs de guitare incisifs de “Talk Sick” et le titre aux influences blues marquées “Breath Of Fresh Smoke”. Ces morceaux ont chacun un univers, une couleur et une tonalité différents. Là où cela peut avoir un côté fourre-tout, ils sont malgré tout cohérents les uns avec les autres et s’enchaînent facilement.

“Beyond” apporte une sensibilité bienvenue dans ce premier pan d’ensemble plutôt lourd. Les guitaristes Zach Thorne et Christian Martucci venus prêter main-forte à Taylor donnent le meilleur d’eux-mêmes et nous proposent de superbes solos de guitare, soutenus par une section rythmique solide de Dustin Robert et Eliot Lorango. Le chanteur de Slipknot et Stone Sour sait s’entourer d’excellents musiciens !

“We Are The Rest”, single récemment sorti, conserve une structure simple et très inspirée par le pop punk. Un morceau teinté de pop agréable et bien construit. Son efficacité est redoutable.

Un futur CMF3 ?

L’ambiance change radicalement avec la ballade atmosphérique “Midnight”, doux crescendo explosant avec des guitares surpuissantes. Le répit est de courte durée puisque “Starmate” (et son atmosphère très rock des années 90), “Punchline” et “Dead Flies” nous ramènent vers des contrées connues : l’influence de Slipknot est bien entendue présente, tant dans la voix que dans l’orchestration. Seul petit temps “mort” : l’acoustique et dépouillé “Sorry Me” nous offre une facette plus sensible et torturée du frontman. Un répit surprenant dans un album plutôt dynamique.

Avec ce CMF2, Corey Taylor nous prouve qu’il en a encore sous le coude. Les titres sont variés et brassés dans un ensemble qui peut sembler au premier abord hétéroclite, mais finalement bien tenu. Ces morceaux en solo sont des chansons qui n’auraient jamais eu leur place dans les albums de Stone Sour et Slipknot, d’où l’aspect fouillis par instants. Conçus comme une récréation, un moment de plaisir, cela se ressent tout au long du disque. À la fois punk, cathartique, pop et sombre, CMF2 rassemble tous les aspects de la personnalité de l’artiste. Un album construit comme un kaléidoscope des influences et des humeurs de Taylor.