Chroniques

Cymbals Eat Guitars – Pretty Years

L’arrivée de Cymbals Eat Guitars au sein du paysage musical avait été remarquée grâce à un premier essai qui reprenait habilement le meilleur du rock indépendant américain des années 1990 (“Why There Are Mountains”, 2009). Deux albums ont suivi, confirmant le potentiel du groupe qui a enchaîné les tournées pendant tout ce temps. Après avoir affiné leur son sur l’excellent “Lose” sorti il y a tout juste deux ans, les New Yorkais franchissent un nouveau palier avec le dernier né, “Pretty Years”.

Les puissants accords de “Finally” rassurent : Cymbals Eat Guitars sait toujours y faire quand il s’agit de composer de véritables hymnes à la mélodie et aux chœurs simples et accrocheurs. L’ensemble promet d’être dans la droite lignée de ses prédécesseurs, mais dès “Have A Heart”, la musique prend un tour quasi inédit dans l’histoire de la formation. La guitare reste essentielle et incisive mais ce sont les claviers de Brian Hamilton qui ressortent plus que jamais, enrichis de sonorités diverses, comme on peut notamment le constater par la suite sur “Close” ou “Shrine”.

Si “Pretty Years” ne sonne pas exactement comme les précédentes réalisations du combo, c’est aussi grâce à une production particulièrement travaillée : tout semble à la fois plus massif, aéré et direct. Les arrangements se font remarquer par leur finesse et leur discrétion, et on pense notamment aux parties de cuivres qui se font plus présentes sur ce dernier opus et qui étoffent la palette sonore des Américains. Le détonnant premier single “Wish” en fait les frais avec ses solos de saxophone s’adaptant parfaitement au son brut qui a toujours été celui du groupe.

Désireux de faire le bilan d’années lourdes d’expériences, d’épreuves et de souvenirs, ce quatrième effort studio est aussi le plus nostalgique de tous. Que ce soit dans les textes, que Joseph D’Agostino anime avec toujours autant de passion (“Wish”, “WELL”), ou dans les compositions (“Mallwalking”, “Dancing Days”), l’heure n’est pas spécialement à la fête. Les têtes qui hochaient furieusement à l’écoute de “And The Hazy Sea” et autres “Jackson” s’adapteront donc aux rythmes plus posés qui structurent “Pretty Years”.

Mais à côté de cela, les musiciens n’ont rien perdu de leur énergie bouillonnante. Le son ultra saturé de “4th Of July, Philadelphia (SANDY)” et les accélérations de “Beam” contenteront largement les esprits agités. Légèreté et nervosité se mêlent donc parfaitement, et c’est d’ailleurs le dernier morceau, au titre peu engageant mais tout à fait conclusif “Shrine”, qui conjugue tous ces éléments, dans un final apocalyptique où voix et instruments sont absorbés dans un brouillard sonore de plus en plus épais.

Perceptible tant dans la composition et la production que dans les thèmes abordés, la maturité acquise par la formation depuis près de dix ans maintenant fait de “Pretty Years” un disque solide et varié. Les Américains ont réussi à élargir leurs horizons et on ne s’inquiète pas trop pour la suite de leur carrière, qui connait depuis leurs débuts un véritable sans faute.

Informations

Label : Sinderlyn / Differ-Ant
Date de sortie : 16/09/2016
Site web : cymbalseatguitars.com

Notre sélection

  • Have A Heart
  • Wish
  • Well

Note RUL

4/5

Ecouter l’album

Gabrielle de Saint Leger
Indie rock, folk, shoegaze, post tout, etc. -> https://www.last.fm/fr/user/stealthisystem