Trois ans après la fureur de “Poseidon” (2010) et dans le circuit depuis treize ans, les marseillais de Dagoba semblent ne plus pouvoir s’arrêter, allant jusqu’à faire face au repos éternel, en exposant leur désormais cinquième album, “Post Mortem Nihil Est” comprenez, “il n’y a rien après la mort”. Produit par Logan Mader, cet opus marque la première création du groupe après son changement de guitariste, à la suite du départ de Izakar en juillet 2011, remplacé par Yves “Z” Terzibachian (The Coyotes Dessert, Where Eagles Dare, Caedes) qui apporte une nouvelle dynamique à la formation. Tambours battants et large paysage sonore, “Post Mortem Nihil Est”, laisse une place à l’expérimentation sans en oublier un son industriel qui apparaît même renforcé, pour un album de qualité.
“When Winter…” ouvre la cérémonie. La formation nous accueille de manière épique en introduisant à la divagation mélodique des premières secondes pour nous abandonner à la merci de la violence d’un scream qui enchaine sur le growl sans laisser nul autre choix. Avec leur diversité sonore qui ne néglige pas moins un chant clair omniprésent, notamment dans les refrains, le groupe semble avoir pris de la maturité en ce qui concerne la structure de leurs compositions. La guitare est clairement réévaluée et prend une place dominante. Cette valorisation évidente s’élabore particulièrement dès l’arrivée du deuxième morceau, “The Realm Black”, dont la progression segmentée et coupée à l’aide de breaks et de pauses instrumentales, laisse place à l’amplitude de la guitare qui, dans un retrait final, s’épanche dans l’espace sonore dans une série de riffs célestes. La tendance se retrouve également au sein de l’essoufflant “Yes, We Die” où Z se positionne presque comme chef de fil, avec un instrument dans toute son arrogance, ce qui forme ainsi avec le chant saturé une symbiose inébranlable. L’opus semble alors user d’une véritable recherche dans la structure des morceaux comme l’illustre “I, Reptile”, qui fait preuve d’une réelle progression sonore en gagnant en profondeur au fil des secondes. L’atmosphère de l’ensemble, forgée par la lamentation récurrente du chant, n’annihile pas pour autant l’aplomb et la poigne des lourds et puissants riffs, d’une batterie rapide et effrénée et du chant caractériel de Shawter, comme le démontre “Kiss Me, Kraken”. Par ailleurs, au même titre que la recherche au sein des compositions, la progression même de l’album se révèle élaborée. “Nevada”, sorte de parenthèse acoustique qui délimite la moitié de la galette en laissant cinq morceaux derrière elle et en en acceuillant cinq nouveaux, détermine un changement clair de direction dans l’opus. Les deux pistes qui suivent alors, se tournent vers une dimension plus math rock, venant ainsi confirmer la volonté d’élaboration des morceaux. Le single “The Great Wonder”, dont le clip sorti en mai, marque le premier épisode d’une saga visuelle, souligne l’empreinte power rock du groupe, augmentée par l’intervention d’un discours politico philosophique dans la version studio; et “The Day After The Apocalypse”, se sert de multiple collages sonores pour retranscrire une ambiance méphistophélique et sombre pour mieux nous brusquer à l’arrivée du scream. La messe se clôt sur une note metalcore prononcée avec “Oblivion Is For The Living” et son metal mélodique et “By The Sword” qui nous laisse dans une réverbération appelant au néant.
“Post Mortem Nihil Est” se positionne indéniablement comme une véritable avancée pour le groupe qui offre une répartition plus équilibrée des instruments, sur des riffs travaillés et structurés. Avec un artwork signé Seth Siro Anton (frontman de SepticFlesh), l’album se démarque particulièrement de ses prédécesseurs et se positionne comme un tournant détonnant.
Informations
Label : Verycords
Date de sortie : 27/05/2013
Site web : www.dagobaonline.com
Notre sélection
- When Winter…
- The Great Wonder
- By The Sword
Note RUL
4.5/5