25 ans ! Cela fait 25 ans qu’on entend sa voix et que l’on écoute ses nombreuses compositions. Cela fait 25 ans qu’il explore sans relâche la musique, allant de la britpop à l’opéra en passant par la world music. Et pourtant, ce n’est qu’aujourd’hui, avec “Everyday Robots”, que Damon Albarn se lance en solo.
La galette est l’expérience musicale la plus douce et planante que le chanteur-compositeur prolifique ait produit jusque-là. Les nombreuses ballades qui composent cet album, parfaitement illustrées par des deux singles déjà sortis, (“Everyday Robots”, “Photographs (You Are Taking Now)”, lui donnent un ton très largement mélancolique. Néanmoins, cet opus ne jure pas du tout dans la discographie de Damon Albarn, tant on retrouve en lui de nombreuses références à ses productions musicales passées : des instrumentations classiques, des textures dub, des sons caribéens, des chœurs, etc. Ce sont justement toutes ces influences qui font que “Everyday Robots” est loin d’être une production mélancolique – ennuyeuse (ou pire déprimante), mais bien poétique voir par moment féerique. Par ailleurs, le disque comporte aussi quelques titres plus rythmés, vivant et joyeux comme par exemple le pop tropical “Mr Tembo” et son ukulélé. Durant toute sa carrière, Damon Albarn est plutôt apparu comme quelqu’un qui se livrait peu et restait en retrait. Cela, tant dans les thèmes qu’il a pu aborder dans ses chansons comme c’est par exemple le cas avec Blur, où il a essentiellement traité de sujets de société ou avec son opéra rock “Monkey, Journey To The West” inspiré d’un roman chinois, que physiquement comme avec Gorillaz où il a laissé sa place à un personnage de BD. Mais cette fois, après plus de deux décennies de création, Alban s’engage personnellement. En abordant des thématiques dispersées qui vont de la sécheresse de 1976, à ses visites en Tanzanie, en passant par son enfance à Leytonstone, Albarn livre ici et plus que jamais des parties de son intimité. Ainsi dans “Hollow Ponds”, Damon Albarn évoque diverses scènes de son histoire personnelle, allant des vacances sur la mer noir lorsqu’il était enfant au jour où il a repéré à Londres un graffiti qui lui a inspiré le morceau “Modern Life Is Rubish” de Blur. Si les douze chansons de “Everyday Robots” ont été écrites et composées par Damon Albarn et Richard Russell, la présence d’invités sur plusieurs pistes est à souligner. Ainsi, la chanteuse Natasha Khan de Bat For Lashes vient chanter en harmonie avec Damon sur “The Selfish Giant” et Brian Eno joue du synthé sur “You & Me” et chante sur “Heavy Seas Of Love”. On notera aussi qu’une version spéciale de la galette est éditée avec deux titre bonus, “Father’s Daughter’s Son” et “Empty Club”.
Avec “Everyday Robots”, Damon Albarn, sans cesse à la recherche de nouveauté, explore un nouveau territoire qu’il qualifie de “folk soul”. S’il faut bien reconnaître que la première écoute risque d’en surprendre plus d’un, il n’y a nul doute sur le fait que chacun saura apprécier pleinement ce nouvel opus en prenant un peu son temps pour se familiariser avec ses différents morceaux. Au final, avec ce nouveau disque Damon Albarn confirme qu’il est non seulement l’un des auteurs-compositeurs les plus hyperactifs, créatif et touche à tout de sa génération, mais également qu’il est l’un des auteurs-compositeurs les plus talentueux de la musique contemporaine.
Informations
Label : Parlophone
Date de sortie : 28/04/2014
Site web : www.damonalbarnmusic.com
Notre sélection
- Heavy Seas Of Love
- Mr Tembo
- Everyday Robots
Note RUL
4/5