Depuis “Trust No One” en 2016, les Californiens de DevilDriver n’ont pas chômé en proposant un album de reprises country à la sauce death qui aura permis d’attendre un nouveau disque d’inédits. Et la patience aura porté ses fruits puisque ce sont deux albums généreux que la bande de Dez Fafara s’apprête à livrer. Intitulé “Dealing With Demons”, ce dyptique dévoile au grand jour les faiblesses du colosse tatoué, se mettant à nu comme jamais auparavant. L’ensemble tiendra t-il la dragée aux anciens efforts du groupe ou va t-on tomber dans le mélo et la guimauve ?
L’exorcisme de Fafara
Agoraphobie, alcoolisme, relations néfastes : autant de maux à coucher sur papier et à hurler très fort. Mais si l’exercice peut paraître facile pour certains artistes, la difficulté s’avère ici élevée pour l’ex-Coal Chamber. N’ayant pas pour habitude d’exhiber sa vie, ce dernier a décidé ici d’affronter un à un ses démons. Ne comptez néanmoins pas sur lui pour vous chanter un blues, car le bonhomme est visiblement remonté à bloc. Et, trêve de suspense, il transcende l’ensemble de cet album, laissant éclater toute sa rage.
Dez VS le monde
Les paroles étant donc ultra personnelles, celles-ci se devaient d’être mises en son par une équipe soudée. Écrire la bande originale d’une sorte de journal intime implique de parfaitement comprendre son auteur. En résulte ici un véritable raz de marée de riffs et de blast beats livrés par palettes de douze. Les ambiances sont toutes soignées et des titres comme le single d’ouverture “Keep Away From Me” mettent de suite les pendules à l’heure. Son intro et celle de “Iona” se veulent menaçantes, rampantes. Pensées comme des ritournelles cauchemardesques, leurs refrains sont de véritables exutoires, à scander les poings serrés.
Tous les morceaux sont d’ailleurs des défouloirs en puissance, dont les structures sont conçues telles des sacs de frappe. En témoigne ce jeu de batterie tentaculaire d’Austin D’Amond riche en matraquage de double pédales et de breaks assassins (notamment sur “Vengeance Is Clear”). La section rythmique est absolument omniprésente dans le mix ce qui donne un grand coup de punch à l’ensemble. La paire de six-cordistes Mike Spreitzer et Neal Tiemann abat quant à elle un travail colossal et leur son est chaleureux, moderne, transpirant l’urgence. Sur “Nest Of Vipers”, on ressent particulièrement la violence du duel que se livrent les deux acolytes. “Wishing” les verra se répondre entre deux refrains au chant clair (!) délivrant au passage l’un des meilleurs soli de l’ensemble.
Démarche honorable
S’il n’est jamais simple de se livrer à ses proches, il l’est encore moins de balancer ses bobos à la face du monde. Simon “Blade” Fafara se verra partager pour la seconde fois depuis 2007, un titre avec son hurleur de père. Un bel exemple de complicité et de soutien. Le but n’étant pas de pleurer sur son sort mais plutôt d’aller de l’avant, chaque personne souffrant de maux similaires pourra aisément s’identifier. La vie d’un musicien reconnu et parcourant le monde est indéniablement enviable mais quid des maux qui le rongent ? De l’aveu du vocaliste, l’agoraphobie par exemple, peut s’avérer compliquée à gérer quand vous ameutez les foules à vos concerts. Le tourbillon infernal qui peut vous emporter au royaume des drogues et addictions en tout genre, les parasites qui croisent votre route sont autant de démons à combattre au quotidien.
Beaucoup de groupes s’engagent dans des voies politisées ou dans diverses causes louables mais il est rare de participer à un tel revirement. Musicalement, le propos ne change toutefois pas mais se bonifie au contraire, trouvant ici un équilibre parfait dans la discographie de DevilDriver. En attendant un second volume annoncé comme plus énervé encore, défoulez-vous de bon cœur sur ce punching ball auditif !
Informations
Label : Napalm Records
Date de sortie : 02/10/2020
Site web : www.devildriver.com
Notre sélection
- Keep Away From Me
- Iona
- Scars Me Forever
Note RUL
4/5
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1 Commentaire
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Joli chronique merci l ami