dredg est de retour et nous livre un album original : “Chuckles And Mr. Squeezy”. Confrontés à des rythmes hip hop et aux airs entêtants très pop de certaines chansons, nous nous surprenons à vérifier le nom de l’album. dredg, “Chuckles And Mr. Squeezy”. 2011. Pas d’erreur. L’ensemble très hétérogène paraît manquer de cohérence et le rock a visiblement séché les heures de studio. On cherche des responsables. Qui : le producteur hip hop, Dan The Automator (reconnu coupable pour avoir aidé Damon Albarn à concevoir le son de Gorillaz) ? Quoi : la tendance des rockeurs de nos cœurs à glisser du côté de la pop, de l’électro ? Pourquoi : l’envie typique de dredg d’innover ?
Dès la première écoute, nous sommes déroutés par “Another Tribe”, premier morceau plutôt hip hop, auquel ”Sun Goes Down” fait écho. Le reste est tout aussi surprenant : pas de musiques rock intenses, beaucoup de similitudes avec ce qu’il se fait de plus banal en pop rock américain. Mais à la seconde écoute- car l’auditeur mélomane laissera une seconde chance à ce disque de le convaincre – nous réalisons qu’il est encore possible de laisser la voix de Gavin Hayes et les compositions musicales qui l’accompagnent, nous transporter, comme sur “Kalathat”, l’unique création acoustique et épurée de cet opus. Au fond, l’évolution artistique de dredg se situe essentiellement au niveau instrumental et rythmique. dredg a déjà amorti le tournant dès “Catch Without Arms”, misant sur une recherche sonore plus poussée, dans un registre plus accessible, moins inquiétant. Cependant, nous retrouvons tout au long de ce cinquième effort studio l’originalité des mélodies et le côté psychédélique qui ont fait la réputation du groupe. dredg demeure dredg. Alors, oui, dans “Somebody Is Laughing”, on pourrait déceler des relents de Bon Jovi -si ceux-ci avaient composé pour Britney Spears quand elle n’était déjà “plus une petite fille mais pas encore une femme (fatale)”. Oui, “Down Without A Fight” impose insidieusement l’image perturbante de Chris Martin faisant un barbecue avec la famille Delajungle. Mais, plus sérieusement, la musique de dredg n’est- elle pas connue pour son aspect expérimental et sa richesse sonore ? Et si ” C & M S” comporte une ballade très américaine au refrain dont l’air fédérateur est digne des plus belles chansons pour catéchismes (“Where I’ll End Up”), la séduction exercée par un chant plus inspiré et des ambiances intimistes (”The Ornament”) est efficace. Enfin, l’album s’achève avec ”Before It Began”, le morceau qui correspond le plus à l’identité musicale de dredg, qui sonne comme la promesse d’un retour aux sources.
“C & M S” est un album… court, innovant, coloré, plutôt agréable et intéressant. Il vaut la peine d’être exploré, ne serait-ce pour découvrir la nature des dernières expérimentations du groupe, et, qui sait, en faire la bande-originale de cet été. Mais rassurez-vous : l’univers de dredg n’a pas tellement changé. Comme toujours, les membres de dredg ne sont jamais là où on les attend.
Informations
Label : Universal Music
Date de sortie : 25/04/2011
Site web : dredg.com
Notre sélection
- Another Tribe
- The Ornament
- Sun Goes Down
Note RUL
3/5