Suivant le chemin tracé de This Machine Still Kills Fascists (2022), Dropkick Murphys revient avec sous le bras de nouveaux textes de Woody Guthrie mis en musique. Là où l’album précédent laissait la part belle à l’acoustique, les Américains ont rebranché les amplis pour notre plus grand plaisir.
Si This Machine Still Kills Fascists avait une portée sociale, Okemah Rising a la défense de la classe ouvrière en thème principal. Le son tapageur des Américains (qu’il maintient, même sous forme acoustique) et les paroles de Guthrie forment un couple idéal, politiquement et musicalement parlant. L’engagement de longue date du groupe envers les droits des travailleurs et la lutte contre le racisme et le nazisme leur permettent de reprendre l’héritage textuel de Guthrie pour le sublimer. Il n’y a qu’à écouter “Run Hitler Run” pour se rendre compte que le combat n’est pas terminé.
Dropkick Murphys est un ardent défenseur des minorités et des travailleurs. Le duo avec Violent Femmes “Gotta Get To Peekskill” fait d’ailleurs référence à un évènement peu connu hors des États Unis : les émeutes de Peekskill de 1949, lorsqu’un concert annoncé par le chanteur et défenseur de la justice sociale Paul Robeson a déraillé, avec l’opposition violente du Ku Klux Klan. Intéressante façon de mêler la politique et la musique, sans pour autant ennuyer son auditeur.
Un album en étendard de la lutte sociale
Comme toujours on retrouve le style caractéristique celtique rock du groupe, enlevé et dynamique. “Rippin Up The Boundary Line” utilise les rugissements de Jessie Ahern. La troisième voix masculine offre un vrai plus au morceau. “My Eyes Are Gonna Shine” est une ouverture pleine d’espoir avec des rythmes folkloriques traditionnels irlandais (ou celtes).
Terminer sur “I’m Shipping Up To Boston – Tulsa Version” semble être une continuité vis à vis du reste de l’ensemble, car il s’agit d’une version retravaillée de leur tube dans le style que Guthrie aurait choisi s’il l’avait publié. On est loin du sautillant du morceau habituel : c’est plutôt un titre country gémissant, au banjo particulièrement bien mis en avant.
Cet album prouve que Dropkick Murphys est plus que capable de faire un excellent disque mêlant acoustique et électrique, et encore plus d’avoir le recul nécessaire à la réorchestration de ses plus anciens morceaux. Mais l’album manque quelque peu de titres typiques forts et entraînants, au profit d’un message politique prenant de plus en plus de place. C’est peut-être sa tentative d’être considéré comme un “groupe sérieux“, ou c’est son commentaire sur les injustices de la société d’aujourd’hui. Dans tous les cas, attendons de voir si les fans suivent la formation sur cette route parfois compliquée à prendre, et s’ils ne leur tournent pas le dos pour cause d’éloignement de ses racines musicales.
Informations
Label : PIAS
Date de sortie : 12/05/2023
Site web : dropkickmurphys.com
Notre sélection
- Gotta Get To Peekskill (feat. Violent Femmes)
- I’m Shipping Up To Boston
- Rippin Up the Boundary Line (feat. Jesse Ahern)
Note RUL
3,5/5