Décidemment, on peut dire que du côté de Nantes, il y a une effervescence musicale en ce moment. Comme peut en témoigner Dysfunctional, qui a sorti en juin dernier, son premier album, “John Stone Lives”. Cette formation difficilement classable, évolue dans un registre death technique à tendance progressive. Après avoir sorti deux démos en autoprod, ils effectuent deux passages au Hellfest (en 2009 et en 2011). Le groupe, composé de Ben (chant/basse), Julien (chant/samples), Nico (guitare), Chris (guitare) et Yoann (batterie), est bien décidé à entrer dans la cour des grands.
A l’heure où la diffusion musicale a connu une évolution notamment au niveau de son support, il convient de rendre justice aux formations qui n’hésitent pas à proposer une pochette de bonne facture. Ce qui est le cas de l’artwork de cet l’album qui est vraiment une réussite. Bon choix du noir et blanc, qui lui confère un côté sobre, classieux et qui s’intégrera parfaitement dans votre CDthèque. Après “Fridge”, une intro légère faite de samples, on entre dans le vif du sujet dès le second titre, “Shape, Stuff Ad Whatnot”. Le rythme est soutenu, on a un gros son avec des riffs plutôt thrash. Mais Dysfunctionnal ne s’arrête pas là et enchaîne les morceaux bruts de décoffrage comme “Can’t Fanthom” ou “Pristine Bowel”. Quand au chant death, il ne fait que surenchérir la violence des pistes. De plus, la batterie n’est pas en reste et ça blaste sévère sur des titres tels que “Wanda” ou “Scuba”. Après un tel traitement, on peut dire qu’on est bien réveillé ! Et là, vous vous dites encore un énième groupe bourrin et là on vous réponds “Achtung”. Car on a affaire à un disque beaucoup plus technique et subtil. En effet, la galette est parsemée d’ambiances planantes, aériennes comme sur “Foresight”, “Autumn” ou “Scuba”. De plus, on aime la diversité des registres vocaux (growls façon death, voix claires). Le combo a su mettre en avant les différentes possibilités qui s’offraient à lui. Il n’y a pas à dire, les voix des deux chanteurs alternent à merveille et se fondent naturellement au gré des morceaux. Il est évident qu’une seule écoute n’est pas suffisante pour se rendre vraiment compte de toutes les subtilités de l’opus. Le genre en lui même n’est peut être pas facile d’accès pour les novices. En effet, si vous cherchez le schéma type couplet, refrain, solo, vous pouvez oublier tout de suite car ici, il est plutôt question de morceaux déstructurés, de changements de rythmes, de breaks. Comme savent le faire les groupes à tendance mathcore. Ca rappelle un peu tout ce qui s’apparente au free jazz avec les longs délires, les improvisations. On cherche à se libérer de toutes contraintes comme avec l’étrange interlude “Senses” qui arrive comme ça sans qu’on s’y attende.
Ce “John Stones Lives” est une bonne surprise car au lieu d’être noyé dans la masse, Dysfunctional a su y apporter sa touche personnelle et, ainsi faire la différence. Ce travail très professionnel, que cela soit au niveau de la prod, des compos ou de l’artwork, donne envie de suivre de très près le groupe qui a déjà mis la barre très haut.
Informations
Label : M & O Music
Date de sortie : 01/06/2011
Site web : www.dysfunctional.fr
Notre sélection
- Foresight
- Scuba
- Autumn
Note RUL
4/5