Alors qu’Editors incarnait l’un des fers de lance du rock anglais des années 2000, à coup de tubes indés tels que “Munich” ou “The Racing Rats”, les interprètes de “Papillon” ont progressivement fait leur mue vers des sonorités plus électroniques. Ce virage a d’ailleurs atteint son point culminant avec la réorchestration de leur album Violence (2018) par l’artiste électro Blanck Mass. Sorti sous le nom de The Blanck Mass Sessions (2019), ce projet posait en fait les bases d’une collaboration à plus long terme.
Avec ce septième album intitulé EBM (comprenez Editors + Blanck Mass) la bande de Tom Smith matérialise ainsi l’arrivée de l’artiste en tant que membre à part entière du groupe. Le ton est donné, et il sera explosif !
Une énergie communicative
Alors que les plus allergiques au genre s’en tiendront à ces quelques lignes pour retourner écouter le superbe “No Sound But The Wind”, popularisé par le film Twilight, les autres découvriront la nouvelle atmosphère s’apparentant davantage à une tempête sonore. EBM se révèle en effet comme un disque résolument énergique et joyeux, loin des standards mélancoliques explorés précédemment.
L’ajout d’un nouveau membre a visiblement donné un nouveau souffle aux compositions du charismatique Tom Smith. Ce dernier évolue comme un poisson dans l’eau au sein de cette nouvelle formule, se servant de son talent d’alchimiste pour tirer le meilleur de ce boost d’adrénaline. Compositeur hors pair, le frontman s’en donne ainsi à cœur joie sur la pépite de l’ensemble, “Picturesque”. Montées irrésistibles, voix doublées flirtant avec le cri, on a rarement senti le chanteur aussi déterminé, ni proche d’un Kasabian.
L’influence de Black Mass est, quant à elle, directement visible sur de nombreuses intros et parties instrumentales, rendant certains morceaux survitaminés (“Strawberry Lemonade”, “Educate”) et parfois très expérimentaux (la rétro-futuriste “Strange Intimacy”). On peut toutefois regretter certains effets technos pouvant apparaitre superflus, voire un brin agaçant aux premières écoutes.
Hybrid theory
Bien que tourné vers l’innovation, la formation n’en oublie pas pour autant les recettes qui ont fait son succès. “Heart Attack” et “Karma Climb” constituent ainsi la synthèse entre les hymnes post rock des années 2000 et le nouvel enrobage électro. Dévoilés en amont, ces titres permettront aux plus nostalgiques de rentrer dans cet album en douceur.
Moins présente que par le passé, cette douceur est représentée ici par la planante “Silence”. Véritable moment suspendu, ce titre tout en contraste explore l’extraordinaire palette vocale de Smith pour s’achever sur des guitares à la Kings Of Leon.
Malgré ses nombreuses bonnes idées, le disque pêche parfois par excès de longueur. La meilleure illustration est certainement la depechemodienne “Kiss”, longue de huit minutes, qui ne parvient jamais à décoller après un début prometteur. Dommage, d’autant que la très pop “Vibe” démontre que les Anglais peuvent briller par leur concision.
Si certaines parties se révèlent être déroutantes, la cohérence d’ensemble est assurée par la voix de Smith, véritable fil d’Ariane des expérimentations entreprises. Le groupe semble prendre un plaisir énorme à explorer les nouvelles possibilités offertes par sa nouvelle recrue. Avec EBM, Editors s’émancipe de ses influences initiales pour tracer sa propre voix, où l’électronique se met au service d’un tempo frénétique et percutant.
Informations
Label : [PIAS]
Date de sortie : 23/09/2022
Site web : www.editors-official.com
Notre sélection
- Vibe
- Picturesque
- Karma Climb
Note RUL
4/5