Chroniques

Eels – Wonderful, Glorious

Il y a quinze ans apparaissait Eels avec “Beautiful Freak”, catalogué dans le rock, regroupant des influences diverses, allant du lo-fi, à la pop, en passant par le grunge et le hip hop. Ce n’est pas moins de neuf albums que Mark Oliver Everett de son vrai nom, leader charismatique du groupe, a produit depuis sa création. Mélangeant encore une fois les styles avec le brillant “electro-shock blues”, des diatribes rock n’roll explosive avec “Souljacker” (2001), ou encore quelques pertes de vitesse à l’instar de “Shootenanny!” (2003). Par ailleurs, le dernier en date, la trilogie “That Look You Give That Guy” et B.O du film “Les Petits Mouchoirs” était de bonne facture sans être excellent (il faut dire que 40 titres en moins de deux ans, il y avait de quoi écrémer). Mais, cette fois-ci, plus apaisé que les précédents et renouant avec le style qui a fait son succès au milieu des années 2000, il débarque avec un dixième opus, enregistré en compagnie quelques musiciens déjà aperçus sur les précédents live de Maître Everett. “Wonderful, Glorious” est tout simplement à l’image de son nom : merveilleux et glorieux.

“Bomb Aways” démarre les hostilités avec un titre rock folk industriel à la voix sortie d’outre-tombe. “Kinda Fuzzy” suit, s’enfonçant un peu plus dans l’électro mais offrant un gimmick blues rock à la guitare trempée dans un fût de bourbon. Évidemment, comme tout bon album de Eels qui se respecte, “Wondeful, Glorious” fait la part belle aux ballades : du nébuleux “Accident Prone” au psychédélique “The Turnaround”, en passant par un entraînant “On The Ropes” sorti tout droit d’un vieux set de Cat Stevens. D’un autre coté, certains morceaux explosent le conduit auditif à grands coups de batterie et de riffs de guitares hérissées, “Peach Blossom”, en tête de proue. “New Alphabet” démontre l’envie toujours présente de faire un gros raffut en bricolant, à sa sauce, un arrangement blues rock, mi-cabossé, mi-tordu. Les textes sont toujours justes, comme le prouve “You’re My Friend”, déclaration bienveillante et intimiste sur l’amitié. “Stick Together” tire vers le swing par le biais d’une contrebasse jazzy, et d’un riff de guitare sorti des années 30, jouissif ! “I Am Building A Shrine”, apporte, encore une fois, un élan de douceur avec un titre transporté dans l’univers de Simon & Garfunkel revitalisé par une pédale de guitare étourdissante. “Wonderful, Glorious” ferme l’opus avec une guitare funky, des chœurs aériens et un violon dithyrambique. Malgré ces qualités, ce morceau supporte tout de même quelques lourdeurs.

Contrairement aux albums précédents, “Wonderful, Glorious”, ne tourne pas autour d’un thème à part entière, mais il n’en ramasse pas moins avec classe les compositions clairsemées d’un Mark Oliver Everett lunatique, aussi exacerbé que sa voix. De plus, les musiciens qu’il utilise, rajoute une énergie rock qui manquait sur le précédent, un peu trop mélancolique. C’est le disque d’un homme créatif et déséquilibré qui continue à se réconcilier avec sa propre vie, par le biais d’obstacles et d’essais fréquents. Everett a une fois de plus mis tout son coeur dans sa musique, mais cette fois, il s’en sert comme d’un bouclier avec une guitare en guise de cimeterre. Sans guider les fans sur les prochaines extravagances musicales du groupe, Eels signe un album tout simplement “Wonderful”.

Informations

Label : Cooperative Music
Date de sortie : 04/02/2013
Site web : www.eelstheband.com

Notre sélection

  • Peach Blossom
  • Stick Together
  • New Alphabet

Note RUL

4/5

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