Chroniques

Fallaster – Disclosing

Après “Everything Is Alright” en 2006, le quintette lyonnais nous revient enfin avec un second album, sobrement intitulé “Disclosing”. L’attente aura donc été longue pour les fans de la formation post hardcore, qui a choisi d’enregistrer ce nouvel effort au Canada en compagnie du producteur Luc Tellier (Simple Plan, The New Cities). Un choix judicieux pour un album “révélation”.

Si vous entendez pour la première fois un titre de Fallaster sans les connaître, vous n’imaginerez certainement pas qu’ils sont français. Honnêtement, c’est souvent d’après leur accent très moyen qu’on reconnait des frenchies qui s’essaient à l’anglais. Alors quelle bonne surprise, pour une fois, de ne pas grincer des dents en écoutant un groupe hexagonal chanter dans la langue de Shakespeare. On a beau dire, ça fait toute la différence. Mais trêve de bavardages, venons-en à ce que “Disclosing” nous propose. Ceux qui ont suivi l’ensemble depuis ses débuts auront pu observer avec l’EP “Mystar” (2008) un glissement progressif de Fallaster vers une atmosphère à la fois plus sombre et ambiancée que celle mise en place sur “Everything Is Alright”. Un tournant complètement assumé et même approfondi sur ce nouvel opus, qui débute par une introduction instrumentale (“As Long As Senses Last”) rythmée par le cliquetis d’une horloge, mettant immédiatement l’auditeur dans le ton de l’album, dans un état mêlant excitation et contemplation. “Say Goodbye” vient mettre fin au suspense et s’impose immédiatement comme l’un des morceaux les plus accrocheurs de la galette, avec son rythme martelé et son thème mélodique plus qu’efficace. On retrouve bien sûr Anthony et Aurélien aux voix, chants et screams s’entremêlant avec toujours autant de fluidité et d’harmonie, même si admettons-le, ce titre en particulier n’est pas forcément le plus valorisant pour le chant clair, bien meilleur sur les pistes suivantes. L’effet de roulis instrumental sur lequel se posent les hurlements à la fin est quant à lui tout simplement grisant. Parmi les autres morceaux porteurs du disque, il y a également “Someday” et ses riffs très structurants, ainsi que l’excellent “There Is No Sound”, qui reflète à lui seul l’imparable sens de la mélodie du quintette. Avec un refrain qui reste en tête, mené par un chant clair qui part aisément dans les aigus, et un pont travaillant la dimension atmosphérique chère aux lyonnais, l’ensemble est une vraie réussite. “In the Long Run” permet à Fallaster d’aborder un registre plus obscur, à la fois plus lourd au niveau instrumental mais aussi plus torturé d’un point de vue vocal, conférant au morceau une vraie impression de pesanteur, seulement allégée par le passage scandé, en chœur a cappella, avant le dernier refrain. Mais c’est avec le bien nommé “Hear Me!” que la formation nous livre son titre le plus brutal, reposant sur des guitares saturées ravageuses et des screams déchirants. Pour contrebalancer ces instants de noirceur, le groupe a inséré ça et là des passages plus doux, principalement avec “Breathing”, qui intervient comme une sorte de parenthèse flottante, d’interlude instrumental apaisant. La sensation se prolonge durant la première minute de “What We Are Here For”, avant que les cinq complices ne se remettent à jongler entre passages puissants et agressifs et nouveaux instants de calme, à tel point qu’on en vient parfois à avoir l’impression de se perdre dans le morceau comme dans un labyrinthe, un sentiment renouvelé sur “Alike In The Distance And Difference”. Ces deux pistes sont sans doute les plus élaborées de ce “Disclosing” de tous les points de vue et ceux qui traduisent le mieux son état d’esprit, alternant entre moments de tempête et éclaircies. Ces phases successives semblent d’ailleurs s’apparenter à une sorte de lutte entre l’ombre et la lumière, à une quête qui trouve sa résolution dans le final “Now I Can See Blue Skies”, symbolisant la sérénité retrouvée en s’achevant sur quelques notes de piano et de nouveau ce cliquetis de l’horloge qui vient boucler la boucle.

Ce second album de Fallaster se perçoit comme un véritable cheminement et mérite une écoute attentive, que l’on ne manquera pas de lui accorder sous peine de louper l’essentiel de ce qu’il nous promet à travers son titre, une révélation. Cette promesse est largement tenue par le combo, qui signe là un très bel effort possédant une âme, un acte suffisamment rare pour être mentionné.

Informations

Label :
Date de sortie : 18/02/2013
Site web : www.fallaster.com

Notre sélection

  • Say Goodbye
  • There Is No Sound
  • What We Are Here For

Note RUL

4/5

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