Feeder – Black / Red

Véritable icône du rock britannique, Feeder a célébré il y a peu ses trente années de carrière. La formation livre ici un nouvel album ambitieux et captivant : une double sortie de dix-huit titres sobrement intitulé Black / Red, un projet aussi audacieux que complexe.

Black

Lorsqu’on aborde ce double disque, il est impossible de ne pas remarquer la dichotomie entre ses deux parties distinctes : Black et Red. Black démarre en douceur avec “Droids”, un morceau instrumental qui transporte l’auditeur dans un univers presque cosmique. À la première écoute, on a l’impression que “Droids” ne fait qu’un avec “ELF”, le morceau suivant, tant la transition est naturelle. C’est à partir de ce deuxième titre que la guitare de Nicholas Grant commence à résonner. De “Playing With Fire” à “Vultures”, en passant par “Sahara”, ce n’est qu’une succession de riffs tous plus puissants les uns que les autres, qui ne font que monter en puissance. L’écoute se poursuit avec “Hey You”, qui fait quitter cette atmosphère de toute-puissance pour une proposition plus acidulée, plus pop, que l’on retrouve sur “AI Man”, qui clôture la première partie de l’ensemble.

Feeder réussit à plonger l’auditeur dans un univers sombre et envoûtant, où les guitares rugissent et les mélodies s’élèvent dans une montée en puissance captivante. Cette première moitié d’album est marquée par des compositions puissantes et énergiques, à l’image de “Perfume”, qui emporte l’auditeur dans un tourbillon sonore.

Red

À l’inverse, Red offre une facette plus posée et introspective de Feeder, tout en conservant une structure musicale riche et élaborée. Si Black est le feu, Red est l’eau : calme, réfléchi, mais tout aussi puissant. Les titres de cette seconde partie du disque sont marqués par une profondeur émotionnelle et une finesse dans la composition, témoignant de la maturité artistique du groupe.

“Scream” représente parfaitement ce mélange des genres qui incarne le tournant de la formation. Dans la continuité, “Lost In The Wilderness” est sûrement le morceau qui restera en tête toute la journée durant. Sur ce titre précisément, Nicholas Grant nous offre tout de même une performance vocale assez unique qui mérite d’être soulignée. Quelques exceptions viennent pimenter la seconde partie de Black / Red, telles que “Here Comes The Hurricane”, qui dès le titre annonce tout de même la tonalité. Une composition assez entraînante et, disons-le, ce que Feeder sait faire de mieux. Enfin, Black / Red se clôture avec “Ghosts On Parade”, qui résume assez bien l’ensemble : une sorte de force tranquille.

En réalité, ce qui frappe dans Black / Red, c’est la manière dont Feeder parvient à incorporer des éléments pop, un aspect qui lui a parfois été reproché par le passé. Cependant, ici, ces influences pop se fondent parfaitement dans le paysage musical, ajoutant une dimension supplémentaire à l’ensemble. Ce double album est bien plus qu’une simple collection de chansons; c’est une démonstration magistrale du savoir-faire de Feeder en tant que musiciens accomplis. Avec Black / Red, Feeder livre une œuvre qui saura rassembler tous ses adeptes.