Chroniques

Foo Fighters – Concrete And Gold

Inutile de présenter le multi-instrumentiste Dave Grohl, tant son investissement dans l’industrie musicale est devenu un label de qualité. En dehors de ses collaborations et de ses projets annexes qui incluent la réalisation de documentaire, son groupe le plus personnel se nomme les Foo Fighters. Ovni surfant sur l’explosion des formations indépendantes au milieu des années 90, il a fallu presque dix ans pour que ce dernier devienne le monstre sacré des stades que nous connaissons. Après une décennie de plus, “Concrete And Gold” dévoile une musique parée d’un texte sous-jacent où les doutes sur l’avenir de manière général s’installent.

Artwork épuré à l’honneur, “T-Shirt” est introduit à la guitare acoustique et à la voix douce du chanteur pour mieux noter le contraste avec l’absence de crescendo qui bouscule le morceau après moins de trente secondes. Les chœurs vaporeux accompagnent les guitares dont les accords saisissants se conjuguent avec des solis entêtants, menant à la transition invisible qui fait apparaître “Run”, premier single découvert trois mois précédant la sortie de l’album. Le schéma se répète pour laisser place cette fois à un riff d’une lourdeur sonore imposante dont la bande ne nous avait pas gratifié depuis “Wasting Light” (2011). Grohl démontre qu’il sait encore donner de la voix et rythmer les échanges distordus entre Chris Shiflett et Pat Smear.

Conscient que sa passion n’est plus à prouver, FF enchaîne de grands moments déchaînés allant du riff blues sur “Make It Right” à la structure sobre sur l’interstellaire “The Sky Is A Neighborhood”, cri d’amour au thème de prédilection à l’origine du nom du quintette. Les accalmies sont rares et ne durent pas durant un morceau entier (“Dirty Water”), à l’exception de “Happy Ever After (Zero Hour)” qui soulève un point important sur la conception de “Concrete And Gold”. Le titre en question semble être la reprise d’une chanson inédite des Beatles, des mélodies aux paroles. Le sentiment d’entendre des ritournelles des Fab Four se poursuit avec “Sunday Rain”. La volonté de créer un Sgt. Pepper version Motörhead est évoquée par les musiciens, poussant le vice avec des arrangements au violon et la présence non remarquée de Sir Paul McCartney derrière les fûts. Cependant, on jurerait l’entendre chanter, preuve que le pari est réussi. Les autres invités subissent le même sort, n’apportant aucune contribution de grande valeur aux enregistrements. Saurez-vous retrouver Justin Timberlake parmi les onze morceaux ?

Enchaînant une chute durant un concert en Suède l’amenant à continuer une tournée assis, une élection présidentielle inquiétante, et la perte de son ami Lemmy qu’il considérait comme le souverain du royaume rock n’roll, le leader des Foo Fighters met en pratique ce qu’il a surmonté après la disparition de Nirvana, apprendre de nouveau à vivre. L’éternelle interrogation du bonheur étant un frein à la créativité se pose alors. “Run” est composée alors que le chanteur avance à peine une jambe devant l’autre après un hiatus de six mois sans musique. Les doutes et les dimensions politiques ne sont pas ouvertement mentionnées, l’artiste préférant laisser parler les décibels plutôt que les textes engagés. Observateur aguerri et débordant d’humilité, il voit en Greg Kurstin l’acolyte idéal pour donner naissance à cette introspection. Comme Mark Ronson pour le dernier opus des Queens Of The Stone Age, le choix étonne, mais ne dénature pas les composition des Foo Fighters.

“Concrete And Gold” marque un retour aux sources non dénué de fraîcheur, et nous fait remarquer qu’il faut savoir reculer pour avancer. Une promesse tenue et une immersion intime à l’intérieur de l’objet volant non identifié qui ne nous laisse aucunement sur notre faim. Il est rassurant de constater qu’avec Dave Grohl, on trouve toujours chaussure à son pied.

Informations

Label : Sony Music / Jive Epic
Date de sortie : 15/09/2017
Site web : www.foofighters.com

Notre sélection

  • Make It Right
  • The Sky Is A Neighborhood
  • Sunday Rain

Note RUL

4.5/5

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