Forest Pooky – We’re Just Killing Time Before We Die

Près de quatre ans après son premier disque solo “Every Key Hole Has An Eye To Be Seen Through”, le plus français des punks américains Forest Pooky débarque avec “We’re Just Killing Time Before We Die”, son nouvel EP cinq pistes. Entre temps, l’artiste a sorti différents albums avec Supermunk et Napoleon Solo, en plus de splits, sans jamais arrêter de se produire sur scène. Ainsi, dans un registre toujours aussi brut, celui qui semble toujours sur les routes aux quatre coins du monde, s’est stoppé quelques temps avec Fred Norguet (Burning Heads, Seven Hat), histoire d’actualiser son repertoire.

Productif comme il est, on aurait pu attendre de Forest Pooky un nouveau long format en bonne et due forme, avant de reprendre comme il se doit ses tours du monde. Finalement, ce seront cinq nouvelles chansons que publiera le chanteur en ce début d’année, en amont de sa tournée en compagnie de son ami de longue date Frank Turner. Et ce qui est sûr, c’est que l’artiste n’a perdu ni de sa hargne, ni de son timbre, ni son coup de médiator à en écouter la piste d’ouverture “Let’s Not Speak About Tomorrow” et sa musicalité folk punk.

Bien que court, “We’re Just Killing Time Before We Die”, disque optimiste au titre pessimiste; est avant tout un mini-album qui dégage quelque chose de fort, coléreux et comique, en un temps limité. Entre le down tempo “One In The Morning”, au riff redondant instaurant une certaine ambiance mélancolique, et “Shining Gold”, l’instrument acoustique n’est pas ménagé pour sonner avec délicatesse mais bien pour secouer l’auditeur, là où les mélodies vocales ripostent avec dynamisme. Sur le plan vocal, Forest Pooky emploie sans excès et sur différents plans sa voix, notamment pour des choeurs remplissant l’espace de manière significative et mélodique.

Au delà des morceaux frontaux, on retrouve “Dance With Me” et l’efficace “Growing Up”, dans un registre pop-rock plus dansant, où le spleen ne se manifeste pas directement à l’écoute et où l’instrumentalisation est à la fois complète et minutieuse. Un univers musical plus abouti, transcendant, que l’on aurait aimé retrouver sur l’ensemble de “We’re Just Killing…”. Car il est vrai que celui-ci surpasse les contraintes du contexte l’acoustique, avec une approche différente qui s’écarte du folk sans réellement sans séparer. Un ajout subtil qui profite à l’artiste plus qu’il ne le trahit.

Même si le format attriste étant donné le temps écoulé depuis sa dernière release solo, Forest Pooky signe un retour réussi avec son folk punk abrupt et direct, nous confortant dans l’idée qu’il n’est pas nécessaire d’avoir de grosses productions pour faire remuer des têtes. Et même si un petit plus de temps en temps ne fait de mal à personne !