Six ans après Clone Of The Universe (2018), le mythique groupe californien est de retour pour un quatorzième album studio. Les héritiers de Kyuss et du stoner désertique ont-ils mis à profit ces six années de gestation ?
Kings of the sand
Le quatuor, fort d’une belle réputation dans le milieu si particulier du stoner, a à cœur de confirmer son statut avec ce The Return Of Tomorrow. D’entrée, “Dehumanize” vous met une claque. Oscillant entre le stoner pur et le punk, le morceau est la quintessence de ce que le groupe peut produire de mieux. Rythmes lents coupés par des moments plus percutants et littéralement jouissifs. Le chant de Scott Hill se marie toujours aussi bien au gros fuzz cher à la bande. Même constat avec “Loch Ness Wrecking Machine”. Le sable du désert californien vous entre directement dans les narines. Le son gras de la basse de Brad Davies, la batterie de Scott Reeder et la gratte de Bob Balch passent ici du doom au début, puis se transforment en machine de stoner/punk sur la fin. Quel pied !
Fuzz It Up
Le single “Hands Of The Zodiac” enfonce le clou. Inspiré par un ami de Scott Hill fan d’astrologie, le titre vous transporte dans le désert pendant une nuit étoilée. Certainement l’un des meilleurs singles de Fu Manchu depuis “King Of The Road”. Le refrain en est un exemple typique. Rythme accrocheur et du fuzz qui ravira les amateurs du genre. L’influence de Kyuss est bien présente, pour le plus grand bonheur de nos feuilles de chou.
Deux salles, deux ambiances
Le quatuor a pris le parti de séparer son disque en deux parties. La première avec les six premiers titres, plus féroce et rythmée. La seconde avec les sept derniers morceaux, plus calme. Deux faces d’un album vinyle. La face énergique se conclut avec “(Time Is) Pulling You Under”. De par sa durée courte (à peine plus de deux minutes) et son rythme effréné, la bande revient à son style des débuts dans les années 80, plus punk que stoner. Un mariage parfait en l’occurrence.
Changement de ton avec “Destroyin’ Light”. Ici tout est un peu plus lent et contemplatif, avec une belle montée crescendo en fin de morceau, à l’image de ce que la musique désertique sait faire de mieux. Cependant, on peut noter une légère panne d’inspiration sur cette deuxième partie d’album. De “Lifetime Waiting” à “What I Need”, en passant par “Liquify”, les riffs sont moins accrocheurs, plus standardisés. Cela n’enlève rien à la qualité de ces derniers, mais les six premiers morceaux étaient clairement d’un niveau supérieur.
Un genre à promouvoir
Seul le titre éponyme “The Return Of Tomorrow” redresse vraiment la barre de cette seconde partie. La montée en puissance présente sur ce dernier est un vrai kiff. Dommage que tout s’effondre un peu au niveau du rythme ensuite. Le final, et anomalie “High Tide” surprend. Tel un morceau de fin de concert, quand la formation quitte la scène, quand l’ingé son rebranche la clé USB. Il est ici question de synthétiseur, de rythme doux et lent, et sans chant. Un adieu en somme. Espérons toutefois que ce ne soit pas le cas. Même si le rythme est inégal si l’on écoute le disque dans l’ordre, rien ne nous empêche de le faire en mode shuffle. Il faut reconnaître que les Californiens maîtrisent leur sujet et leur son. La qualité est plus qu’au rendez-vous au final. Et après six ans d’attente, c’était bien la moindre des choses. Les porte-étendard du mouvement stoner se font de plus en plus rares, ou ne sont malheureusement pas assez médiatisés. Un groupe tel que Fu Manchu peut vraiment en être un. Ils repassent d’ailleurs au Hellfest cette année. Si vous allez au festival, foncez découvrir ce groupe qui prend toute sa pleine mesure en live.
Informations
Label : At The Dojo Records
Date de sortie : 14/06/2024
Site web : www.fu-manchu.com
Notre sélection
- Dehumanize
- Hands Of The Zodiac
- The Return Of Tomorrow
Note RUL
4/5