Fvzz Popvli – Fvzz Dei

“En Italie sous le règne des Borgia, le pays a connu trente ans de terreur, de carnages, et de meurtres… Mais cela a abouti à Michel-Ange, De Vinci et la Renaissance.” Si Orson Welles avait interprété le troisième homme de nos jours, il aurait ajouté à cette réplique une bonne dose de rock n’roll. Le premier album de Fvzz Popvli, “Fvzz Dei”, est loin de nous laisser de marbre.

Après avoir applaudi l’artwork de la pochette, la Fuzz des Dieux nous plonge dans l’ambiance d’une arène romaine où l’acoustique fait la part belle à la saturation extrême flirtant avec le psychédélisme. Cette tension parsemée d’accords clairs est désamorcée à notre grande surprise par un riff plus proche du garage rock que du stoner rock. “Stamps Are For… Smile” injecte une dose de riffs tranchants agrémentés d’une voix dont les échos nous remémorent la résistance du punk à l’orée des années 90, touche nasillarde et roulant les R telle un pastiche de Johnny Rotten. L’orgie continue sous le signe des Melvins avec “Mastvrbation”.

La basse lourde et rondouillarde de Datio se marie avec la six cordes hurlante de Pootchie, dont le surnom est la preuve irréfutable que Les Simpsons ont fait des ravages chez nos voisins méditerranéens. “Hashish” nous emporte dans le brouillard stupéfiant des consommations un brin louche des musiciens à travers une instrumentale envoûtante et non dénuée d’énergie, comme le démontre la force de frappe tranquille de Doncalisto. Après ces digressions botaniques, “LPG” enchaîne les mélodies entraînantes et dissonantes, ancrant la virtuosité de nos trois artistes dans un style qu’ils savent maîtriser, et dorénavant s’approprier.

L’identité sonore de Fvzz Popvli réussit à nous immerger dans un univers dont la construction ambitieuse construit des tensions pour mieux les détruire à coups de groove dantesque. Enregistrées et mixées aux studios de Murduck Productions à Rome, les pistes sont nées sur le support analogique en bande via la table de mixage utilisée dans les années 80 pour des émissions de télévision. Huit titres de quarante trois minutes pensés et conçus pour tourner sur des platines vinyles et des baladeurs cassettes le volume au maximum. La production dans son plus simple appareil nous suffit à nous ravir des chansons rythmées par le larsen et les coups aux réminiscences métallurgiques portés sur les fûts.

Cette offrande irrévérencieuse aux Dieux de la fuzz augmente les espérances concernant le trio italien. “Fvzz Dei” ravive la foi dans la musique, et nous donne envie de nous retrouver dans l’arène très prochainement pour constater l’évolution du groupe. Alea Jacta Est comme disait l’autre.