Celui qui a été adoubé comme le “prince noir de l’électro” revient avec un troisième album attendu au tournant. Après la techno dure et sale, puis la synthpop acidulée, le Français touche désormais à l’électro-rock futuriste.
Producteur prolifique, Mike Lévy, alias Gesaffelstein, fait partie de la prestigieuse liste d’artistes français ayant réussi à s’exporter à l’étranger. Il suffit de voir ses crédits de production ou collaborations pour le comprendre : The Weeknd, Kanye West, KayCyy, etc. Son précédent disque, Hyperion (2019), était également truffé de featurings prestigieux comme Pharrell Williams ou le groupe HAIM.
Folie 80’s
Sur GAMMA, le Français est seul. Presque. C’est Yan Wagner qui pose sa voix sur un peu plus de la moitié des morceaux de l’album. Ce dernier apporte une coloration différente aux chansons. Avec son timbre particulier et un charisme évident, on a presque l’impression d’entendre Dave Gahan s’adresser à nous.
Se dégage alors un côté sensuel aux compositions (“Lost Love” en particulier, avec ses airs de ballade des années 50). Mais ce sont plutôt les années 80 qui dominent ce disque. Sous différentes formes. Le kitsch, par exemple, comme sur le final de “The Urge”, complainte sirupeuse à deux doigts d’être ridicule. Heureusement, l’artiste sait s’arrêter à temps. D’autres fois, ce sont des accents rock, voire new wave, qui se font remarquer. “Tyranny” rappelle par exemple “Tainted Love” de Soft Cell avec son synthé principal.
Frénésie
En l’espace de ses courtes vingt-sept minutes d’existence, GAMMA se présente comme un voyage noir et oppressant, explorant des méandres musicales. On retrouve par exemple certaines sonorités dures, industrielles, qui apparaissaient sur Aleph (2013), son excellent premier album (“The Perfect”).
Ainsi, si certaines chansons, principalement les titres chantés, sont assez calmes et contemplatives, Gesaffelstein propose également des moments de furie pure, de capharnaüm instrumental frénétique. Des titres qui portent bien leur nom pour la plupart : “Hysteria”, “Mania”, “Psycho”.
AMALGAMMA
GAMMA sert un peu de trait d’union entre l’époque d’Aleph, trash, techno, dure, et celle plus pop et mélodieuse de Hyperion. Des échos de ces deux disques sont présents dans ce troisième album. La présence d’un seul et même chanteur sur tous les morceaux à paroles permet également une cohérence de ton plus générale que la sortie précédente. Finalement, là où GAMMA pêche le plus est dans sa très courte durée. Vingt-sept minutes qui passent à une vitesse folle et que l’on aurait voulu prolonger encore davantage.
Informations
Label : Sony Music / Columbia
Date de sortie : 29/03/2024
Site web : www.gesaffelstein.com
Notre sélection
- The Perfect
- Mania
- Digital Slaves
Note RUL
3/5